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Séminaire stratégique à Yabassi : L’ENSAHV forge les architectes de la prochaine révolution agricole camerounaise

Durant deux jours intenses, les 26 et 27 juin 2025, la ville de Yabassi n’était pas seulement la capitale du Nkam, mais l’épicentre d’une refondation intellectuelle et pédagogique majeure pour l’avenir du Cameroun. C’est ici, au cœur de la nouvelle École Nationale Supérieure d’Agriculture, d’Halieutique et de Médecine Vétérinaire (ENSAHV) de l’Université de Douala, qu’un séminaire de renforcement des capacités a réuni le corps enseignant et un aréopage d’experts chevronnés. L’objectif ? Forger les outils et les esprits qui mettront en œuvre les nouveaux programmes de formation de l’école. Présidé avec une autorité visionnaire par le Professeur Minette Tomedi Eyango épouse Tabi Abodo, Directeur de l’ENSAHV et représentante du Recteur, cet événement marque l’acte de naissance opérationnel d’une institution renouvellée, appelée à devenir le fer de lance de l’agriculture de seconde génération.

Née de la transition de l’ancien Institut des Sciences Halieutiques (ISH), l’ENSAHV porte une ambition immense : ne plus seulement former des techniciens compétents, mais enfanter une nouvelle génération de créateurs de richesses, d’entrepreneurs audacieux et de cadres capables de répondre aux exigences complexes du XXIe siècle. Le séminaire de Yabassi n’était donc pas une simple réunion de travail, mais un véritable conclave stratégique, une “veillée d’armes” pédagogique pour armer l’institution avant la bataille du développement.

Une révolution pédagogique fondée sur quatre piliers

Dans son discours d’ouverture, le Professeur Tomedi Eyango a planté le décor avec une lucidité sans fard. “L’heure n’est plus à former des diplômés pour le marché de l’emploi, mais de former des diplômés qui sont le marché de l’emploi,” a-t-elle martelé. Cette formule résume à elle seule la philosophie qui sous-tend la refonte des programmes, une réforme reposant sur quatre piliers cardinaux, longuement débattus durant les ateliers.

Premièrement, instaurer un esprit entrepreneurial conquérant. Face à un contexte socio-économique qui exige des profils proactifs, les nouveaux cursus seront irrigués par des modules de “Création d’Entreprises”, de “Gestion de Projets” et de “Marketing Agricole”. L’idée est de faire de chaque étudiant un porteur de projet potentiel, un innovateur capable de transformer une contrainte agricole en une opportunité économique.

Deuxièmement, ancrer la formation dans les réalités du terrain. Fini le temps de la science en vase clos. Pour garantir une opérationnalité immédiate, un accent sera mis sur les études de cas concrets, les séminaires animés par des professionnels et des stages mieux encadrés, notamment dans les Fermes d’Application et de Recherche (FAR) de la région.

Troisièmement, répondre avec agilité aux besoins du marché. L’ENSAHV, a-t-on appris, a mené une démarche d’écoute active auprès des entreprises et des “utilisateurs” de ses anciens diplômés. L’objectif est de combler les manquements et de former des profils dont les compétences sont en parfaite adéquation avec les attentes du monde socio-professionnel.

Enfin, renforcer l’axe vital entre Recherche et Ingénierie. Le séminaire a insisté sur la nécessité pour la recherche fondamentale et appliquée de nourrir constamment la formation des ingénieurs, garantissant ainsi une actualisation permanente des savoir-faire et une compétitivité accrue des lauréats.

Une architecture des savoirs repensée pour l’impact

Au cours des ateliers, les experts et les enseignants se sont penchés sur la nouvelle architecture des cursus. La réforme la plus spectaculaire est sans doute celle du cycle Licence Professionnelle : le tronc commun est réduit à deux semestres, au profit d’une spécialisation plus longue et plus pointue. Cette décision vise à rendre les Ingénieurs des Travaux (BAC+3) plus performants et plus spécialisés. De même, la rationalisation du nombre d’Unités d’Enseignement et la valorisation du Travail Personnel de l’Étudiant (TPE) ont été au cœur des débats, perçues comme des leviers pour développer l’autonomie et l’esprit d’initiative des apprenants.

Les discussions ont été particulièrement riches concernant les filières spécifiques. Pour la Foresterie, l’idée d’une “école de terrain” immersive dans les forêts de Yabassi a été saluée comme une innovation majeure. Pour le Génie Rural, les experts ont souligné l’importance de positionner la filière comme l’outil par excellence de l’agriculture de seconde génération, notamment via la maîtrise des techniques d’irrigation et de drainage.

Un expert externe, invité pour l’occasion, confiait en marge d’un atelier : “Ce que je vois ici est impressionnant. La vision du Pr. Tomedi Eyango est claire : l’ENSAHV ne doit pas subir les mutations du monde agricole, elle doit les anticiper, et mieux, les impulser. En adossant chaque formation à des débouchés concrets et en renforçant l’entrepreneuriat, elle construit une institution qui ne produira pas des chômeurs, mais des leaders.”

De Yabassi, un signal fort pour le Cameroun de demain

Les programmes relatifs à l’haliautique ont connu un léger toilettage, forts de leur assise prégnante au cours de l’évolution spectaculaire de l’ISH depuis sa création. C’est avec la même rigueur, la même exigence que les programmes relatifs à la Médecine vétérinaire ont été conçus et ouvragés. Ce séminaire de deux jours n’a pas seulement validé des maquettes de formation. Il a surtout forgé une cohésion, une vision partagée et un enthousiasme palpable au sein du corps enseignant. En quittant Yabassi, les participants semblaient investis d’une mission renouvelée. La refonte des programmes de l’ENSAHV est bien plus qu’une réforme administrative; c’est une promesse faite à la jeunesse et à la nation. La promesse de fournir au Cameroun non seulement des diplômés, mais des solutions incarnées par des professionnels compétents, innovants et prêts à relever les immenses défis agricoles, alimentaires et environnementaux du XXIe siècle. De Yabassi, un signal fort a été envoyé : l’avenir de l’agriculture camerounaise se pense et se construit ici, avec exigence, vision et ambition.

Jean Bosco BELL

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