Huawei ICT Competition : Comment les cerveaux camerounais sont allés conquérir la Chine
Oubliez un instant les Lions Indomptables du football ; les nouveaux dribbleurs de classe mondiale viennent du Cameroun, mais leurs terrains de jeu sont le Cloud, les Réseaux et l’Intelligence Artificielle. Ce 24 mai 2025, à Shenzhen, l’épicentre high-tech de la planète, une dépêche est tombée, aussi précise qu’un algorithme et aussi percutante qu’une ligne de code bien exécutée : le Cameroun a conquis le sommet de la prestigieuse compétition mondiale Huawei ICT. Et pas qu’un peu.
Imaginez la scène : plus de 210 000 étudiants venus de 2 000 universités et 100 pays. Une sorte de Jeux Olympiques de la tech où la moindre erreur de syntaxe vous disqualifie. Dans cette arène survoltée, deux équipes camerounaises, véritables commandos de la matière grise, se sont illustrées avec une aisance déconcertante.
Le coup d’éclat le plus spectaculaire est venu de l’École Nationale Supérieure Polytechnique (ENSPD) de l’Université de Douala. Le trio de choc, composé de HESSACK Ryan, MINKOH SOM Lyne Brischnelle et AMAYENE SEKE Louis Quentin, a raflé le premier prix mondial dans la catégorie reine de l’Innovation. Leur arme secrète ? Un projet baptisé « LINA », un compagnon intelligent sous forme de lunettes qui ambitionne de redonner leur autonomie aux personnes malvoyantes. Une innovation non seulement brillante sur le plan technique, mais aussi profondément humaine, le tout coaché par le Dr MVOGO Joseph. Cette victoire n’est pas un coup de chance. C’est l’apogée d’une ascension méthodique : troisièmes en 2021, deuxièmes en 2022… L’ENSPD a patiemment gravi les marches du podium mondial, tel un alpiniste de l’Himalaya numérique.
Pour que la fête soit complète, une deuxième équipe, fruit d’une collaboration entre l’ENSPY de Yaoundé (SIBAFO Wisdom) et l’Université de Buea (DJOUMESSI NGUEFACK Ivan et SOYANG Thierry NGONG), a décroché le deuxième prix mondial dans la catégorie très technique du “Network Track”, sous la houlette du Dr TIOGNING KUETI. En clair, le Cameroun a non seulement montré qu’il savait inventer le futur (Innovation Track), mais aussi qu’il maîtrisait les autoroutes sur lesquelles ce futur allait circuler (Network Track).
Au-delà des trophées : Les vraies retombées d’une telle prouesse
Alors, que faut-il retenir de cette pluie de médailles, au-delà de la fierté nationale bien légitime ?
Premièrement, c’est une formidable claque aux préjugés. Le Cameroun n’est plus seulement un « continent du football », c’est désormais une pépinière certifiée de talents tech de classe mondiale. Pour les multinationales qui cherchent des cerveaux, le message est clair : plus besoin de chercher à l’autre bout du monde, le « Kamerun » est une mine d’or de compétences en IA, en Cloud et en réseaux.
Deuxièmement, c’est une promesse d’avenir économique. Le projet “LINA” n’est pas qu’un simple projet étudiant ; c’est le prototype d’une start-up potentielle. Ces jeunes ne sont pas seulement formés pour chercher un emploi, ils sont désormais équipés pour en créer. C’est l’incarnation parfaite de « l’économie de la connaissance » et de «l’auto-emploi des jeunes» si souvent prônés dans les discours officiels. Huawei, avec ses programmes comme ICT Academy, ne se contente pas de vendre du matériel ; il sème les graines des futurs champions économiques du pays.
Enfin, c’est un puissant levier contre la fuite des cerveaux. En offrant une plateforme de compétition de ce niveau et en démontrant qu’il est possible de briller à l’échelle mondiale tout en étant basé au Cameroun, des initiatives comme celle-ci créent un écosystème où l’excellence peut s’épanouir localement. Ces jeunes talents, reconnus et célébrés, auront peut-être moins envie d’aller chercher la gloire ailleurs, préférant bâtir l’avenir numérique de leur propre nation.
En définitive, cette victoire historique en Chine est bien plus qu’une ligne sur un palmarès. C’est le signal fort que la prochaine révolution technologique pourrait bien avoir un accent camerounais. Le monde est prévenu.
Jean Bosco BELL
