L’heure du courage civique : Choisir le Cameroun
Le Cameroun retient son souffle. Les résultats de l’élection présidentielle du 12 octobre 2025 sont officiellement proclamés, mais la tension post-électorale, palpable de Garoua à Douala, n’a pas cédé sa place à l’apaisement espéré. Les manifestations, les contestations des chiffres par le candidat de l’opposition, Issa Tchiroma Bakary, et la répression des mouvements de rue nous rappellent, douloureusement, que l’acte de voter n’est que la première étape de l’exercice démocratique.
Ce qui se joue aujourd’hui, ce n’est plus seulement la légitimité d’un mandat, mais l’avenir de notre cohésion nationale. Le pays est à la croisée des chemins, pris en étau entre la légalité institutionnelle et la légitimité populaire contestée. Les clivages, qu’ils soient politiques, ethniques ou régionaux, n’ont jamais semblé aussi profonds. La fracture de confiance est béante : entre le citoyen et les institutions électorales, entre le pouvoir et une partie de l’opposition, et même, parfois, entre Camerounais.
CAMERVIBES MAGAZINE refuse l’escalade et l’amnésie. Nous ne serons ni les porte-voix de la division, ni ceux qui détournent le regard du sang versé dans nos rues. Notre devoir, en tant que média, est d’éclairer le débat, de donner la parole à toutes les parties – des gagnants aux perdants, des manifestants aux forces de l’ordre – et, surtout, de tracer les voies de sortie.
C’est pourquoi cet éditorial est un appel au courage civique.
- Le courage, pour le pouvoir, de ne pas confondre fermeté et surdité. L’heure n’est plus aux déclarations protocolaires, mais aux gestes forts et inclusifs, capables de panser les plaies et de prouver sa volonté de réformer les dysfonctionnements institutionnels.
- Le courage, pour l’opposition, de dépasser les rancœurs personnelles et les calculs politiques à courte vue. Le rejet des urnes ne doit pas signifier le rejet de la Nation. Il est impératif d’utiliser toutes les plateformes de dialogue disponibles, y compris celles qui peuvent sembler imparfaites, pour porter les revendications démocratiques.
- Le courage, pour chaque Camerounais, de refuser la spirale de la haine et de la violence. La réconciliation n’est pas un concept abstrait ; elle commence par le respect de son voisin, la primauté du Droit, et le refus d’instrumentaliser les souffrances.
L’histoire nous l’a montré : l’apaisement est le seul antidote à la crise. Le dialogue est l’unique instrument pour désamorcer la bombe des clivages. La réconciliation est la promesse d’un « Vivre Ensemble » que nous devons aux prochaines générations.
Choisissons le Cameroun. Choisissons la paix dans la vérité.







Jean Bosco BELL
