Cri d’alarme dans l’enseignement supérieur : Le personnel d’appui des universités annonce une grève générale dès le 9 octobre 2025
L’année académique 2025-2026 s’annonce sous haute tension dans les universités d’État du Cameroun. Le Collectif des Personnels d’Appui des Universités d’État du Cameroun (CPAUEC-mené par les délégués du personnel d’appui et les bureaux régionaux du SYNAPAUC) a lancé un préavis de grève générale illimitée à compter du jeudi 9 octobre 2025. Le mouvement, qui s’étendra sur l’ensemble du territoire national, est la réponse à des revendications sociales et statutaires anciennes et, selon les syndicalistes, obstinément ignorées par les autorités.
Martin Dang, Coordonnateur général du Collectif, a pris la parole pour dénoncer une situation de précarité et d’injustice qui, dit-il, a atteint son point de rupture. Le syndicaliste, lors de son passage remarqué sur les ondes de RIS Radio 105 FM, a dressé un tableau sombre des conditions de travail de ces travailleurs essentiels au fonctionnement des campus.

Un arriéré de dettes sociales et l’application du SMIG en question
La première ligne de revendication touche directement au porte-monnaie du personnel. M. Dang met en lumière une dette sociale accumulée depuis des années, plongeant de nombreux employés dans la difficulté financière.
« Nous avons un problème de rappel du SMIG. Il y a un rappel de 2014 à 2020 qui n’a jamais été soldé », a martelé Martin Dang. Pire encore, l’augmentation du Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti (SMIG), pourtant effective au niveau national depuis 2023, traîne à être appliquée dans les universités d’État. « Le nouveau SMIG n’est toujours pas appliqué dans les universités depuis 2023, au point que nous sommes déjà en 2025, et il y a encore des arriérés qui commencent à s’accumuler », a-t-il déploré.
Le Collectif exige l’application immédiate de la grille salariale consensuelle qui, bien qu’adoptée, reste lettre morte. Non appliquée. Pour le personnel d’appui, cette inaction est perçue comme un mépris de la parole donnée et une négligence des principes élémentaires du droit du travail.
L’accaparement des postes par le personnel extérieur
Au-delà des questions financières, une autre injustice structurelle exacerbe la colère du CPAUEC : l’accaparement des postes de responsabilité administrative par des personnels extérieurs aux universités.
Selon M. Dang, des enseignants du primaire et du secondaire se retrouvent paradoxalement dans les postes clés administratifs des universités, au détriment du personnel d’appui ayant la compétence et le profil requis.
« Nous avons le problème des enseignants du secondaire et du primaire qui s’accaparent de tous les postes chez nous… On ne sait vraiment pas ce que nous faisons. Or, nous avons de la compétence, nous avons tout. »
Cette situation crée non seulement une injustice en termes d’avancement professionnel, en plus de la question cruciale du de Profil de carrière, mais soulève aussi une question d’efficacité administrative. Le Coordonnateur a même mis en évidence un paradoxe national : tandis que les enseignants du primaire et du secondaire « pullulent » dans les universités, les lycées et écoles publiques, où leurs services sont réellement nécessaires, manquent cruellement d’effectifs.
L’ultimatum de la dernière chance
Le Collectif affirme avoir épuisé toutes les voies de recours conventionnelles.
« On a écrit au Président de la République… On a fait un point de presse tout récemment. On est resté sans suite », a-t-il confié à RIS Radio.
La grève du 9 octobre n’est donc pas une première option, mais un geste de désespoir : « La grève, vraiment, c’est parce que nous sommes à bout. On n’a pas souhaité aller jusque-là, mais on constate que ce n’est que ce qu’il faut, peut-être, pour mieux se faire entendre. »
Bien que le mot d’ordre soit clair, Martin Dang a tenu à souligner la responsabilité du syndicat : l’arrêt des activités sera observé, mais le service minimum sera respecté. Le Collectif maintient également la porte ouverte au dialogue. Si les autorités compétentes manifestent leur volonté de résoudre ne serait-ce qu’une partie des revendications, le Collectif est prêt à suspendre immédiatement le mouvement.
La balle est désormais dans le camp du gouvernement et des administrations universitaires. À l’approche de la rentrée 2025-2026, l’enseignement supérieur camerounais est face à un ultimatum dont l’issue pourrait soit garantir la paix sociale, soit paralyser les campus à un moment crucial.

Jean Bosco BELL
