Évaluation rigoureuse d’une thèse sur les finances publiques à l’Université de Dschang
Le vendredi 11 octobre 2024, l’Université de Dschang a été le théâtre d’une soutenance très attendue dans le domaine des finances publiques. M. Boog Massock Valencia Alex, candidat au doctorat, a présenté sa thèse intitulée « La réforme des finances publiques et l’État de droit au Cameroun » devant un jury prestigieux. Cet événement a eu lieu dans les locaux de l’école doctorale de l’université, où les membres du jury, sous la présidence du Pr. Charles Étienne Lekene Donfack, ont évalué de manière rigoureuse les travaux du doctorant.
Le jury, composé de cinq éminents professeurs, incluait le Pr. Steve Thierry Bilounga de l’Université d’Ebolowa, le Pr. Gnimpieba Tonnand Edouard de l’Université de Dschang, le Pr. Momo Foumthim Claude de l’Université de Douala, ainsi que le Pr. Bipele Kemfouedio Jacques, directeur de thèse. Ensemble, ils ont examiné le travail de M. Massock tout au long de l’après-midi.
Au cœur de la thèse de M. Massock se trouve une réflexion critique sur la relation entre la réforme des finances publiques et l’État de droit au Cameroun. Sa recherche, utilisant une méthodologie rigoureuse associant exégèse, études de cas et dogmatisme juridique, s’est concentrée sur le lien causal entre les concepts de « discriminant » et « discriminé ». Il s’est interrogé sur la présence des considérations liées à l’État de droit dans les réformes financières camerounaises. Son analyse a révélé une présence à la fois « perceptible » et « perfectible » de ces notions, influencée par des facteurs à la fois endogènes et exogènes.
Après l’allocution introductive du Pr. Donfack, M. Massock a disposé de quinze minutes pour présenter son travail. Il a mis en lumière ses approches théoriques et méthodologiques, tout en justifiant la problématique de sa recherche ainsi que l’hypothèse principale qui a guidé sa réflexion.
Le Pr. Bipele, directeur de thèse, a ensuite pris la parole pour saluer l’assiduité, la dynamique et le courage scientifique de son étudiant. Il a félicité la démarche audacieuse de M. Massock et a soutenu les propositions de réforme qu’il a suggérées, tout en proposant l’ajout d’une recommandation : la création d’une commission parlementaire présidée par un député de l’opposition, chargée de contrôler la loi d’orientation budgétaire.
Le Pr. Momo Foumthim Claude, de l’Université de Douala, a quant à lui critiqué certains aspects formels de la thèse, notamment le style rédactionnel et l’équilibre entre les parties. Il a encouragé le candidat à approfondir les liens entre la réforme des finances publiques et l’État de droit au Cameroun. Ses recommandations visaient à améliorer la qualité globale du travail.
Le Pr. Gnimpieba Tonnand Edouard, expert en droit communautaire, a centré son intervention sur les deux volets de la thèse : la perceptibilité des réformes financières et la perfectibilité de l’État de droit dans ce processus. Il a invité M. Massock à explorer davantage l’impact du droit communautaire sur la réforme des finances publiques au Cameroun, estimant que cette dimension enrichirait la recherche.
Pour sa part, le Pr. Steve Thierry Bilounga a plaidé pour l’intégration de mesures visant à renforcer le contrôle citoyen des finances publiques. Il a également critiqué la dépendance excessive des réformes financières africaines aux desiderata des institutions de Bretton Woods. Il a exhorté le candidat à s’interroger sur la valeur juridique des « conditionnalités » imposées par ces institutions aux gouvernements africains.
Enfin, le Pr. Charles Étienne Lekene Donfack, président du jury, a salué le courage de M. Massock pour avoir osé aborder un sujet complexe comme les finances publiques. Il a insisté sur l’importance du principe de redevabilité, rappelant que ce principe doit s’appliquer avec la même rigueur à tous les gestionnaires de fonds publics, y compris les institutions dites « constitutionnelles ». Selon lui, suivre l’argent public et son utilisation est primordial pour assurer une gestion transparente.
Dans la mouvance de l’Etat de droit, entendu comme soumission à la loi, à la norme, le professeur a insisté sur l’appropriation par le droit national des normes CEMAC sur la gestion des finances publiques. Il s’agit de l’information régulière du public sur les grandes étapes de la procédure budgétaire, de la transparence et des sanctions prononcées par les organes compétents à l’encontre de tous ceux qui élus ou fonctionnaires, ont géré irrégulièrement l’argent public. Inversement, le respect de l’Etat de droit en matière fiscale « impose la garantie du droit des contribuables », a préconisé le président du jury.
Le Professeur a également invité le candidat à l’examen du rôle joué par les organes comme le Conseil Constitutionnel, la Chambre des Comptes, le Conseil de discipline budgétaire et financier, voir le Tribunal Criminel Spécial dans la promotion de l’Etat de droit financier au Cameroun.
Au candidat, il a prescrit « une veille scientifique et informationnelle » à même de l’outiller permanemment à l’actualité nationale et internationale de l’évolution des finances publiques, d’en « questionner les nouveaux paradigmes » pour être à jour dans cette discipline qu’il a choisi.
Son intervention a débouché sur les délibérations qui ont été faites à huit-clos. À l’issue de celles-ci, ils ont à l’unanimité du jury, décidé d’accepter les travaux de M. BOOG MASSOCK Valencia Alex, l’élevant désormais au rang de Dr/PhD en droit des finances publiques avec la Mention très honorable.
Nguelifack Vijilin Cairtou