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Ces scrutins électoraux qui meubleront 2024

Des États-Unis à la Russie en passant par le Mexique où encore à l’Union Européenne, pas moins de 50 pays où organisations supra étatiques à travers le monde connaîtront des élections multiples durant cette année 2024 qui s’ouvre, ce qui constitue un record absolu dans le monde. Parti pour jeter un regard holistique sur ces scrutins qui influenceront d’une manière ou d’une autre la destinée des peuples des pays concernés, nous nous faisons le choix de recenser particulièrement les élections présidentielles qui se tiendront sur le continent africain, rythmant ainsi sa dynamique politique.

Alors que les élections présidentielles de la République Démocratique du Congo ont finalement donné leur verdict final ce dimanche 31 décembre, avec la reconduction du président sortant Antoine Félix Tshisekedi Tshilombo, auréolée d’un score de plus de 73% des suffrages exprimés, c’est l’archipel des Comores qui ouvrira le bal électoral en Afrique au soir du dimanche 14 janvier prochain. Face au candidat sortant, le président Azali Asoumani, 9 candidats d’une opposition en rang dispersée essayeront de ravir le trône de l’indétrônable Azali Asoumani, candidat de l’Alliance de la Mouvance Présidentielle (AMP) qui demeure pour l’heure le principal favori pour ce scrutin à un tour. Le verdict au soir du 14 janvier prochain infirmera ou confirmera notre assertion.

Les Sénégalais s’impatientent 

Autre scrutin important et tant attendu du fait de l’importance stratégique de ce pays mais aussi de la compétitivité de sa scène politique interne, c’est le Sénégal qui prendra le relais dans ce qui semble déjà être l’un des scrutins présidentiels les plus disputés des deux dernières décennies. Un scrutin qui débouchera inéluctablement sur l’élection d’un nouveau président consécutivement à la renonciation du président actuel, Macky Sall, de se représenter pour un troisième mandat.

En dépit de l’absence de facto du principal opposant, le panafricaniste Ousmane Sonko, dont un tribunal sénégalais avait quelques jours auparavant disculpé dans un de ses nombreux dossiers judiciaires, rendant ainsi possible sa candidature, vient de voir l’une de ses condamnations confirmée par la Cour suprême. En effet, dans la nuit du 04 au 05 janvier, la plus haute instance judiciaire sénégalaise a confirmé le verdict de six mois de prison avec sursis, assortie d’une amende de deux cents millions de FCFA, prononcé à l’encontre du leader du Pastef par un tribunal dakarois, dans une affaire de diffamation l’opposant à un membre du gouvernement. La principale incidence de cette condamnation est qu’elle le prive de son éligibilité, conformément aux dispositions pertinentes de la loi électorale, au moment même où le Conseil Constitutionnel est en train d’examiner la liste des candidatures retenue pour cette élection.

Avec cette nouvelle donne, c’est l’actuel Premier Ministre Amadou Bâ, candidat de la majorité présidentielle Benno Bokk Yakar qui bénéficie du soutien sans faille du sortant Macky Sall, qui voit ses chances d’être propulsé au Palais de la République décuplées. Autre poids lourd de l’opposition en lice pour ce scrutin sera Khalifa Sall et éventuellement Karim Wade dont le retour de son exil qatarien reste toutefois attendu. Le 20 janvier prochain, on aura une meilleure visibilité de l’identité des différents compétiteurs avec la Cour Constitutionnelle qui rendra publique la liste des candidats finalement retenue pour une élection dont le premier tour aura lieu le 25 février. Dans la foulée de cette présidentielle, des élections municipales et législatives anticipées pourraient bien avoir lieu, non pas en 2027 comme initialement indiqué par le calendrier électoral actuel, mais davantage pour des nécessités politiques, car le nouveau président doit bien avoir une majorité.

La Mauritanie en embuscade

Occupant une position mitoyenne entre l’Afrique du Nord et l’Afrique subsaharienne, la Mauritanie se verra organisée ses élections présidentielles en juin 2024, du moins en ce qui concerne le premier tour, pour ce qui s’apparente comme l’une des élections quasiment jouée d’avance.

En effet, même si le président sortant Mohamed Ould Ghazouani – au pouvoir depuis 2019 – ne s’est pas encore officiellement prononcé sur sa participation ou non à ce scrutin, il ne fait l’ombre d’aucun doute pour les observateurs avertis de la scène politique mauritanienne, que le candidat de El Insaf sera bien en lice pour cette élection et ce d’autant plus qu’il semble tacitement déjà en campagne. Sa reconduction est d’autant plus certaine qu’aucun réel candidat de l’opposition ne s’est encore manifesté, ni même n’émerge véritablement.

Sans suspense au Rwanda

Au pouvoir depuis 1994, Paul Kagamé, leader du Front Patriotique Rwandais (FPR) briguera en juillet prochain un cinquième mandat à la tête de ce petit pays des grands lacs. De l’avis général, sa reconduction, bien plus qu’une réélection, ne fait l’ombre d’aucun doute et ce d’autant plus que Anne Rigwara, fille du richissime homme d’affaire Assinapol Rwigara et intrépide opposante au président Kagamé qui avait annoncé sa candidature à ces élections de juillet prochain est décédée le 28 décembre dernier dans des conditions qui demeurent non élucidées. Officiellement, il s’agit d’un trouble digestif mais la piste de l’assassinat politique est même évoquée. C’est donc un boulevard qui s’ouvre au président sortant pour un nouveau quinquennat.

Ça votera aussi au Ghana 

Autre pays où l’alternance est fortement attendue c’est le Ghana du Président Nana Akufo-Addo qui arrivera au bout de ses mandats consécutifs prévu par la constitution cette année. Pour ce scrutin qui se tiendra à la deuxième moitié de l’année en cours, deux principaux candidats se dégagent déjà.

D’un côté l’ancien président John Dramani Mahama (2012-2019) du Congrès National Démocratique (NDC). De l’autre, c’est l’actuel Vice-président, Mahamudu Bawumia, qui a récemment remporté avec un score honorable, la primaire du Nouveau Parti Patriotique (NPP), qui défendra les couleurs du parti au pouvoir.

La situation économique d’Accra est extrêmement difficile du fait de la chute de sa monnaie nationale, le CEDI et donc la relance économique de ce pays d’Afrique de l’ouest promet d’ores et déjà d’être le principal enjeu de cette élection, sans oublier les enjeux sécuritaires. Le profil d’économiste de Mahamudu Bawumia ne sera pas vain, de même que l’expérience du président Dramani. Le verdict est attendu courant 2024.

Tunisie et Algérie dans le Maghreb africain

La Tunisie et l’Algérie ont, au sortir du printemps arabe, essayé de se stabiliser, de ne pas sombrer dans le chaos comme c’est le cas en Libye voisine, pour se faire, une reprise en main de leur système politique était nécessaire.

Après quelques péripéties politiques suite à la mort de Zine el-Abidine Ben Ali, la Tunisie a plongé dans une séquence de relative instabilité politique, assortie d’une situation sécuritaire très compliqué du fait des incessantes attaques terroristes. L’élection à la présidence de la République de l’avocat Béji Caïd Essebsi, décembre 2014 a tenté de stabiliser le pays jusqu’au sa mort subite en 2019, soit cinq mois avant l’expiration de son mandat. Une période intérimaire assurée par le Vice-président Mohamed Ennaceur débouchait sur l’élection du président Kaïs Saïd dont le mandat est appelé à être remis en course en septembre prochain pour une des élections qui s’annonce parmi les plus disputées de ce pays malghrebin. 

Quant à l’Algérie, après une révolte qui eut raison du système militaro-politique du président Abdelaziz Bouteflika, c’est finalement Abdelmadjid Tebboune qui, au terme d’un processus électoral des plus complexes,  est parvenu à s’imposer, profitant de la mise à l’écart de plusieurs cadors de la scène politique algérienne. S’il demeure pour le moment le véritable deus ex machina du paysage politique algérien, il peine à dire s’il sera candidat ou non aux scrutins du 24 décembre prochain. Tout compte fait, face à une opposition quasi absente qui peine vraiment à trouver ses marques, nul doute qu’il remporterait le scrutin haut la main si jamais il décidait de se représenter pour un second mandat.

Quid des pays sous régime de la transition militaire ? 

Le Mali, le Niger, le Burkina Faso, le Tchad, le Gabon et la Guinée Conakry ont la particularité qu’ils sont tous actuellement dirigés par des régimes militaires arrivés au pouvoir par la perpétuation des putschs militaires. Dès leur prestation de serment, ces régimes, sous la pression des partenaires internationaux, ont instauré des comités transitoires devant déboucher à terme, sur l’organisation de nouvelles élections libres, transparentes et démocratiques, suivant un calendrier qui varie en fonction des contextes.

Suivant la Charte de la transition, elles – les élections présidentielles et législatives – sont prévues au Burkina Faso pour juillet 2024, mais en l’état actuel, rien n’est moins sûr. Au Mali, les élections présidentielles, initialement prévues pour Mars 2024, ont fait, en 2023, l’objet d’un report sine die et, à l’heure actuelle, aucune date n’est retenue pour leur organisation.

En Guinée Conakry, le président de la transition, le Colonel Mamadi Doumbouya a, à la faveur de son adresse de fin d’année, réitéré son engagement ferme d’organiser les élections présidentielles en 2025, après l’organisation en 2024 d’une consultation référendaire devant aboutir à l’adoption d’une nouvelle Constitution. Au Niger, on en est encore aux tractations pour la détermination de la durée de la transition qui, selon le général Abdouramane Tiani, le nouvel homme fort de Niamey, n’irait pas au-delà d’une durée de 03 ans.

Au Tchad, après l’adoption et la promulgation de la nouvelle Constitution et la nomination d’un nouveau Premier Ministre en la personne de l’opposant Succès Masra, on attend plus que l’indication de la tenue des nouvelles élections sensées avoir en 2024. En ce qui concerne le Gabon, autre pays impliqué dans ce processus transitionnel, les autorités promettent la tenue des élections présidentielles et législatives en août 2025, suivant un calendrier qui devrait être confirmé par les assises d’avril 2024.

Toutefois, ces calendriers électoraux sont loin d’être hermétiques aux reports et réajustements pour diverses raisons. C’est dire, in fine, qu’en ce qui concerne ces pays en particulier, nous demeurons dans l’expectative la plus totale.

NGUELIFACK Vijilin Cairtou

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