Hommage : Elle s’appelait Emma Maximine NJANJO NDEDI

Nous avons accosté un ami cher, un frère qui a longuement cheminé avec Emma Njanjo, pour recueillir un hommage plutôt original. Hugues Kevin Ilouga est enseignant de Philosophie, et a bien connu et apprécié les valeurs de Njanjo, une femme dynamique, étincelante d’intelligence et d’optimisme… Oui Bon Voyage Emma…

Bon voyage Emma !

La froideur qui la caractérise, la discrétion qui défini son action, le calme qu’elle impose, la spontanéité et la rapidité de sa survenue, associés à la nécessité qui lui est consubstantielle, m’ont jadis conduit à parler de la mort élogieusement, à la présenter comme

« La chose la plus radieuse,

La plus merveilleuse,

Que la nature nous puisse offrir dans ce monde

Sans foi ni loi[1]. »

Tu aurais peut-être lu ce texte de cet ouvrage pour lequel tu n’as cessé de me féliciter que nous aurions longuement discuté sur cette conception que j’avais de la mort, discussion qui aurait enfanté davantage de respect car, malgré la divergence des idées de ceux avec qui tu discutais, tu avais une grande admiration pour ceux qui osaient penser et faire savoir ce qu’ils pensent.

Le désordre affectif et même cognitif créé dans mon esprit par l’annonce de ta mort via le réseau social WhatsApp, annonce confirmée par ta sœur Anne-Vicky, a failli avoir raison de cette conception que j’avais de la mort car, la tristesse et la douleur ont cela de commun avec la joie qu’elles sont des émotions et comme toute émotion, elles corrompent aisément le jugement. Dans cette agitation, mon esprit vagabond se rappela les sourires et idées qu’avec tous, tu échangeais ; il se rappela les nuits passées ensemble au campus ou chez toi à Deido, pour essayer de donner satisfaction aux délais cours de remise des travaux d’exposés ; il se rappela la femme dynamique et entreprenante que étais, cette femme qui aimait s’entourer d’esprit qui, comme le sien, osaient ; il se rappela les débats et rencontres du mont des oliviers tout autant que les échanges autour de la pensée de Søren Kierkegaard au Collège Alfred Saker.

L’agitation retombée, l’esprit enfin disposé à écouter la nature et à penser, le silence m’enseigne. Bien qu’à partir tu n’étais pas prête, car tu nourrissais encore tellement de projets, tu as accepté cet appel. Et les vibrations de la nature qui me parviennent me transmettent ton exhortation à tes proches ainsi qu’à tous ceux qui t’aiment et qui sont restés orphelins de toi, à accepter ton départ, comme tu l’as toi-même fait. De mes souvenirs de nos moments passés ensembles et de nos échanges, je déduis la chose suivante : tu étais un génie. Grande est donc ma chance de t’avoir côtoyé. Tu es de la lignée des Ptahhotep, Socrate, Friedrich Nietzsche, C. Anta Diop, ou encore Nioussérê Kalala Omotunde.

Au moment où tu vas rejoindre tes ancêtres et tous ceux de ton engeance, ceux qui comme toi avaient des idées révolutionnaires, tous ceux qui avaient le courage de faire corps avec leurs idées au point de vivre en conformité avec elles, je ne peux que te souhaiter d’être par eux excellemment accueillie, afin que sur toi brille éternellement la lumière et que ce voyage que tu entames se fasse d’un pas léger et rassuré.

Va et repose en Paix Emma-Maximine!


[1] Ilouga (Hugues Kévin), « Mort, mort ! » in Gestation, Saint-Maur-des-Fossés, Editions Jets d’Encre,  2020, p. 216.

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