ActualitésCampuslifeEconomieJob SpaceSociété

Cameroun : L’université se mue en fabrique de patrons – Un « Plan Marshall » pour l’emploi jeune

Le Cameroun est à la croisée des chemins. Alors que le taux de chômage des jeunes diplômés demeure un défi structurel majeur, s’avérant souvent plusieurs fois supérieur à celui des non-scolarisés, la voie traditionnelle menant de l’amphithéâtre à la recherche d’emploi est brisée. Face à cette urgence sociale et économique, l’Institut universitaire de technologie (IUT) de Douala et la Pépinière Nationale Pilote d’Entreprises (PNPE) d’Édéa viennent d’officialiser un partenariat stratégique qui sonne comme un véritable changement de paradigme.

Le 6 octobre 2025, sous l’égide des ministres Achille Bassilekin III (PME) et Jacques Fame Ndongo (Enseignement supérieur), la convention a été signée, marquant le lancement d’une première cohorte de 277 étudiants. Loin de la simple formation théorique, l’objectif est radical : faire de chaque étudiant un porteur de projet d’entreprise, créateur de valeur et d’emplois.

De la transformation structurelle à l’incubation active

Cette initiative n’est pas un simple accord académique ; elle est le reflet de la haute stratégie nationale. Elle s’aligne parfaitement sur les piliers de la Stratégie Nationale de Développement 2020-2030 (SND30), dont l’ambition ultime est de faire du Cameroun un nouveau pays industrialisé. Pour y parvenir, la SND30 mise sur la transformation structurelle de l’économie et l’amélioration de l’adéquation formation-emploi par la promotion de l’entrepreneuriat jeune.

Le partenariat IUT-PNPE est l’incarnation de cette volonté. Il met en œuvre le triptyque consacré par la loi de 2023 sur l’orientation de l’enseignement supérieur : Assurance-qualité, Professionnalisation, Employabilité. En délocalisant une partie de sa formation au sein même de la PNPE d’Édéa, l’IUT offre à ses étudiants une immersion totale dans un écosystème entrepreneurial reconnu pour sa capacité à incuber des projets solides et à accorder des subventions concrètes, dépassant parfois les 200 millions de FCFA.

Un écosystème intégré pour les champions de demain

L’accord est détaillé et axé sur le résultat. Il prévoit la mise en place d’un dispositif intégré d’incubation et de mentorat, rompant avec l’enseignement descendant classique. Les étudiants bénéficieront d’une formation pratique, de la réalisation de projets innovants, de la création de laboratoires de prototypage et de l’accès à des FabLabs.

Les domaines de formation spécialisée sont résolument tournés vers les besoins réels du marché : marketing digital, gestion, finance entrepreneuriale et innovation technologique. C’est une réponse directe à la prépondérance du secteur informel au Cameroun, en outillant les jeunes pour qu’ils structurent des entreprises formelles et compétitives, aptes à capter les opportunités régionales, notamment celles offertes par la ZLECAF (Zone de Libre-Échange Continentale Africaine).

L’intégration est poussée jusqu’à l’accueil des étudiants en stage et en alternance directement au sein des entreprises déjà incubées à la PNPE, favorisant un réseautage professionnel précoce à travers l’organisation de hackathons et de conférences thématiques.

Une cellule conjointe de suivi sera mise en place pour garantir l’efficacité et l’évaluation rigoureuse des résultats. Cet accent mis sur l’imputabilité souligne la volonté politique de faire de ce modèle un succès reproductible.

En misant sur cette synergie unique entre l’université et l’entreprise, Douala et Édéa ne forment pas seulement une nouvelle promotion de diplômés ; elles posent les fondations d’une nouvelle génération d’acteurs économiques autonomes et capables de créer les solutions concrètes aux défis de l’industrialisation camerounaise. Cette approche concrète pourrait bien être la véritable clé pour juguler le fléau du chômage de masse et concrétiser la Vision 2035 du Cameroun.

Source : L’IUT de Douala délocalise à la Pépinière nationale d’entreprises d’Édéa pour former 277 étudiants en entrepreneuriat – Investir au Cameroun

Jean Bosco BELL

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *