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L’Écho d’une thèse : William Bayiha redéfinit la géopolitique de la santé depuis Montréal

Dans le silence studieux du pavillon Lionel-Groulx de l’Université de Montréal, une voix s’est élevée le 19 juin 2025, celle de William Thierry Tonye Bayiha, ancien journaliste et désormais Docteur en sciences humaines appliquées. Ce jeudi, devant un parterre d’invités, de chercheurs et de membres de sa famille venus de Paris et Brazzaville, il a soutenu avec un succès retentissant sa thèse de doctorat, un travail magistral intitulé « Géopolitique de la santé : guerres paradigmatiques fratricides et mortelles entre médecines du monde ». Le jury, conquis par la profondeur et l’originalité de sa recherche, lui a décerné la mention « exceptionnelle », la plus haute reconnaissance dans ce grade à l’Université de Montréal, et a recommandé sa publication dans une « grande maison d’édition ».

La salle C-2059, trop étroite pour contenir l’affluence, a vibré au rythme d’un événement à la fois intellectuel, politique et profondément humain. Ce n’était pas seulement l’aboutissement d’un travail d’une rare intensité, mais une véritable redéfinition des fondements de la santé mondiale.

Une critique puissante et une vision émancipatrice

Sous la direction éclairée de la professeure Violaine Lemay, William Bayiha a défendu sa thèse devant un jury d’exception, présidé par le professeur Gilles Bibeau, sommité mondiale en anthropologie médicale. Ce dernier a salué un travail d’une portée comparable à celle de Frantz Fanon, soulignant l’audace et la pertinence de l’approche. À ses côtés, le professeur Bonaventure Mvé-Ondo, recteur honoraire de l’Université Omar Bongo Ondimba, et le professeur Simplice Ayangma Bohono, compatriote et ancien camarade de l’Université de Yaoundé, ont unanimement souligné la profondeur interdisciplinaire et la puissance critique de cette recherche.

Le cœur de la thèse de M. Bayiha est une exploration sans concession des dynamiques géopolitiques qui sous-tendent la domination mondiale de la médecine occidentale. Il y démontre avec brio comment cette hégémonie s’est construite sur la marginalisation des médecines traditionnelles et la captation des ressources par les puissantes industries pharmaceutiques du Nord. Cette critique s’inscrit dans une perspective résolument décoloniale, appelant à une refondation des politiques de santé publique sur des bases plus inclusives et équitables.

Loin de se contenter d’un constat, William Bayiha met en lumière les « résistances planétaires » à cette domination. Du Québec au Brésil, de l’Afrique du Sud à la Côte d’Ivoire, il révèle les mobilisations sociales, la désobéissance aux normes biomédicales et la revalorisation des savoirs autochtones. Ces luttes, analyse-t-il, sont l’expression d’une volonté profonde de redéfinir la santé à partir des réalités locales et des besoins communautaires.

Un parcours éclatant, un engagement profond

L’approche de William Bayiha est résolument interdisciplinaire et pragmatique. Mobilisant ethnométhodologie, analyse de discours et enquête journalistique, sa recherche propose une « théorie de la rencontre entre les médecines du monde ». L’enjeu, comme il l’explique lui-même, est de « trouver des ressources intellectuelles pertinentes pour faciliter la collaboration démocratique et en raison entre différentes médecines du monde qui se rencontrent déjà dans nos pays ». Il invite ainsi à dépasser les affrontements idéologiques pour construire une gouvernance de la santé centrée sur le bien-être collectif.

Ce succès est le fruit d’un parcours académique et professionnel riche et varié. Rattaché administrativement au Programme de doctorat en sciences humaines appliquées de l’Université de Montréal, William Bayiha entretient un rapport horizontal au savoir, naviguant entre l’interdisciplinarité, les politiques de santé mondiale, la diplomatie scientifique, la circulation et la décolonisation des savoirs, la communication politique ou encore le marketing stratégique. Il est titulaire d’un master en management de l’Université de Lille (France), d’une maîtrise en sciences de l’Information et de la Communication (SIC) de l’Université de Yaoundé 2 (Cameroun), ainsi que de deux licences en SIC et en histoire des Relations internationales.

Avant de se consacrer pleinement à la recherche, William Bayiha a œuvré pendant près de dix ans en tant que journaliste pour des médias africains et européens, dont le groupe Euronews. Désormais assistant de recherche et d’enseignement à l’Université de Montréal, il continue de partager ses réflexions à travers des communications percutantes, telles que “Le corps des femmes terrain d’affrontement des « vérités » en santé maternelle dans les pays économiquement pauvres” ou “Permanence du « combat de vérités » entre la biomédecine des riches et les soins endogènes en Afrique”.

La soutenance de William Bayiha a été saluée comme un événement intellectuel majeur, un acte de courage, de lucidité et d’engagement pour une santé mondiale plus juste. C’est la reconnaissance d’un « génie », comme le disait feu le professeur Joseph Mboui, dont la devise « Le génie est le fruit d’une longue patience » résonne aujourd’hui avec une force particulière. Un tel travail, a confié un membre du jury, « nous l’accueillons une fois par décennie, voire plus ». William Bayiha, avec sa thèse, ouvre une nouvelle voie, celle d’une collaboration éclairée pour un avenir de la santé plus équitable et respectueux de toutes les sagesses du monde.

Jean Bosco BELL

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