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La République des savoirs adoube ses nouveaux chevaliers de l’Environnement

En ce jour du dix-neuvième de juin, sous les lambris de l’Université de Douala, se tenait une de ces grand-messes républicaines où le parchemin consacre l’effort et où le discours fleurit sur les ruines de l’ignorance. Une cérémonie solennelle, orchestrée pour célébrer non pas des poètes ou des philosophes, mais les nouveaux fantassins d’une guerre invisible et pourtant totale : la bataille environnementale.

Car il ne s’agissait point, ce jour-là, de célébrer quelque absconse érudition, mais bien d’adouber une cohorte d’étudiants fraîchement initiés aux arcanes d’un grimoire des temps modernes : la norme ISO 14001. Quinze jours plus tôt, le 4 juin, ces mêmes esprits juvéniles de la filière Qualité-Sécurité-Environnement (QSE) avaient été conviés par la Société Générale de Surveillance (SGS), Pythie helvétique de la certification, à une plongée dans la matrice du management écologique. Une formation gratuite, nous précise-t-on, comme si le salut de la planète devait aussi avoir le bon goût de ne rien coûter.

Devant l’assemblée, Madame le Doyen de la Faculté des Sciences, le Professeur Joseph Marie Ntamak Nida, officiant en grande prêtresse du savoir, rappela la nécessité de ce mariage de raison, voire de salut public, entre l’Amphithéâtre et l’Entreprise. « Nous sommes réunis, » clama-t-elle, « pour relever des défis environnementaux majeurs qui concernent l’ensemble de notre communauté ! » Un cri du cœur, sans doute, mais aussi le mantra obligé de toute institution qui se respecte à l’heure où la planète tousse. Lui faisant écho, la directrice de SGS-Cameroun, Mme Patricia Nzondjou, posa sur les « épaules des jeunes leaders de demain » le fardeau de l’avenir, sentence aussi lourde que flatteuse.

Et les récipiendaires, ces nouveaux soldats de la norme ? Eux, loin des envolées lyriques, parlaient un langage plus pragmatique. « Un atout stratégique », « un passeport vers la compétitivité », soufflaient-ils, le précieux certificat en main, déjà conscients que dans le monde du travail, un label ISO pèse souvent plus lourd qu’une citation de Socrate. Ils sont plus de mille, nous apprit le Professeur Nouga, à être passés par les fonts baptismaux de cette filière QSE en dix-huit promotions. Une armée silencieuse, non plus formée pour commenter les tragédies grecques, mais pour appliquer le cycle PDCAPlanifier, Réaliser, Contrôler, Agir.

Ainsi va l’Université. Tandis que le verbe des officiels pare l’instant d’une gloire éphémère, la véritable révolution se niche dans un parchemin frappé du sceau ISO. La cérémonie s’acheva, comme il se doit, par une « photo de famille », immortalisant la promesse d’un Cameroun où l’avenir, avant d’être radieux, se devra d’être, avant tout, certifié conforme. Le progrès, mes amis, est une norme.

Jean Bosco BELL

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