Conférence-débat sur l’entreprise et la réalité sociale : Des enjeux cruciaux pour l’emploi et la formation

À l’occasion de la 5e édition de la Journée nationale de l’emploi et de la formation, l’Association “Egalité pour tous” a organisé une conférence-débat le mercredi 23 octobre dernier.

L’événement, modéré par Julien Mbia, Directeur commercial pour l’Afrique Centrale  d’une entreprise de conception de centrales solaires, portait sur le thème central : “Le rôle des entreprises dans la création d’opportunités d’emploi pour les jeunes et la rétention des talents”, s’est tenu au sein du Campus de l’IUT de l’Université de Douala. Ce rendez-vous a réuni plusieurs experts issus du monde de l’emploi, du secteur privé et des institutions publiques, avec pour objectif d’explorer les défis que rencontrent les entreprises dans la création d’opportunités professionnelles et les réponses apportées par les pouvoirs publics.

Parmi les intervenants majeurs figuraient Serge Kuete, Mirecteur marketing et communication d’Emploi Service, Mathilde Gwogon, Fondatrice de l’agence d’immigration Ylarie, ainsi que Madame Mbonjo, représentante de la Délégation régionale du Littoral du Ministère de l’Emploi et de la Formation Professionnelle (MINEFOP). Ensemble, ils ont échangé sur les enjeux des entreprises face à une réalité sociale marquée par un taux de chômage élevé et une mobilité croissante des talents.

L’un des points centraux de la conférence a été la réflexion sur le rôle des entreprises dans la création d’opportunités. Serge Kuete a partagé une expérience édifiante, évoquant le parcours d’un ingénieur en traitement des eaux, recruté localement au Cameroun, puis envoyé à l’étranger pour une formation spécialisée. Malgré l’investissement important de l’entreprise pour perfectionner les compétences de cet employé, l’adéquation entre ses capacités et les besoins spécifiques de l’entreprise n’a finalement pas été atteinte, illustrant ainsi le décalage fréquent entre formation et réalité du terrain.

Cette anecdote a permis d’engager un débat sur la nécessité de mieux harmoniser les compétences des chercheurs d’emploi avec les attentes des entreprises. Il a été souligné que l’entreprise, tout comme l’employé, doit jouer un rôle actif dans ce processus. Selon Kuete, “trouver le bon profil est souvent une question de mariage entre les besoins de l’entreprise et les compétences du candidat”. Il a insisté sur la nécessité pour les entreprises d’investir dans la formation continue pour assurer l’évolution de leurs collaborateurs et leur adéquation aux évolutions du marché.

Madame Mbonjo, quant à elle, a rappelé que le rôle du ministère est de faciliter l’orientation, la formation et l’accès à l’emploi des jeunes Camerounais. Pour elle, il s’agit d’une “chaîne d’accompagnement où chaque acteur, qu’il s’agisse de l’État, des entreprises ou des jeunes eux-mêmes, doit jouer sa partition”. L’État œuvre ainsi à soutenir les entreprises par des incitations, mais le contexte global demande un effort concerté pour mieux préparer la jeunesse à affronter les défis du marché du travail.

Mathilde Gwogon, Fondatrice de l’agence d’immigration Ylarie, a également apporté un éclairage pertinent sur la question de la fuite des talents. Selon elle, “le Cameroun regorge de talents, mais beaucoup choisissent d’émigrer”. Elle a insisté sur la nécessité de bien préparer un projet de départ, en soulignant que partir sans formation adéquate et sans objectifs clairs mène souvent à des échecs professionnels à l’étranger. De plus, elle a évoqué l’importance pour ceux qui émigrent de pouvoir revenir avec des compétences accrues et des projets concrets pour contribuer au développement du pays.

Le débat a ensuite porté sur les moyens de retenir les talents au Cameroun. La fidélisation des employés a été identifiée comme un enjeu majeur pour les entreprises locales. Il a été proposé de mettre en place des politiques de mobilité interne, permettant aux employés de progresser au sein de l’entreprise et de diversifier leurs compétences. Les participants ont également insisté sur l’importance de créer un cadre normatif pour soutenir la compétitivité des entreprises camerounaises, notamment en renforçant la formation professionnelle et en incitant les entreprises à investir dans leurs ressources humaines.

Cette conférence-débat a permis de souligner les enjeux cruciaux auxquels font face les entreprises camerounaises dans un contexte de chômage et de mobilité des talents. Les discussions ont mis en avant la nécessité d’un engagement conjoint entre le secteur public et privé pour relever les défis liés à la création d’opportunités professionnelles, tout en soulignant l’importance de la formation continue et d’une gestion proactive des talents au sein des entreprises.

Jean Bosco BELL

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