L’Institut des Sciences Halieutiques de Douala en première ligne à Casablanca : Un acteur clé pour l’harmonisation des formations maritimes en Afrique

Du 31 octobre au 4 novembre 2024, l’Institut des Sciences Halieutiques (ISH) de l’Université de Douala à Yabassi a pris part à la Conférence Ministérielle sur la Coopération Halieutique des États Africains Riverains de l’Océan Atlantique (COMHAFAT) à Casablanca, Maroc. L’ISH, représentant le Cameroun, s’est imposé comme un acteur clé dans les discussions sur l’harmonisation des programmes de formation des écoles de pêche maritime africaines, dans un contexte où le secteur des pêches doit relever de grands défis environnementaux, économiques et sociaux.

Harmonisation des programmes de formation : un enjeu stratégique

La mission principale de cette conférence était de créer un cadre commun pour les programmes de formation des membres du Regroupement des Établissements de Formation Maritime Africains (REFMA). Cette harmonisation vise à aligner ces programmes avec les besoins du secteur des pêches, tout en respectant les réglementations internationales. En effet, la pêche en Afrique, en particulier en zone COMHAFAT, fait face à des menaces grandissantes, telles que la surexploitation des ressources halieutiques et la pêche illicite, non déclarée et non réglementée (pêche INN). Le cadre de formation doit donc être repensé pour garantir que les futurs professionnels du secteur soient à même de contribuer à la durabilité de l’environnement maritime tout en répondant aux exigences du marché.

Les discussions à Casablanca ont également permis de mettre en lumière la nécessité d’une meilleure appropriation des réglementations internationales, notamment la Convention STCW-F qui régit les normes de formation, de délivrance des brevets et de veille du personnel des navires de pêche. Bien que cette convention s’applique principalement aux navires de plus de 24 mètres, une grande partie des acteurs de la pêche en Afrique opèrent dans des conditions artisanales, souvent avec des embarcations plus petites. Adapter la formation à cette réalité tout en restant en conformité avec les exigences internationales est donc un défi de taille pour les écoles de formation maritime africaines.

Les innovations pédagogiques de l’ISH au cœur des débats

L’Institut des Sciences Halieutiques de l’Université de Douala s’est distingué par la présentation de son modèle de pédagogie mixte, qui combine l’enseignement en présentiel et les méthodes de formation en ligne. Cette approche a été particulièrement bien accueillie par les participants à la conférence, car elle offre une solution flexible adaptée aux réalités des apprenants. En intégrant des outils numériques dans l’enseignement maritime, l’ISH contribue à moderniser les méthodes d’apprentissage et à rendre la formation plus accessible aux étudiants, y compris dans les zones les plus reculées.

L’Éducation bleue et l’économie maritime : des priorités pour l’avenir

Une autre thématique phare de la conférence a été l’introduction de l’Éducation bleue, un concept qui met l’accent sur la durabilité des océans et l’économie maritime. L’Éducation bleue vise à sensibiliser dès le plus jeune âge aux enjeux de la préservation des ressources maritimes et à former des générations de professionnels capables d’innover dans le domaine des technologies vertes et de la gestion durable des océans.

Dans ce cadre, l’ISH s’est engagé à intégrer des modules sur l’économie bleue dans ses programmes de formation. Cette initiative a pour but de former des experts dans des domaines tels que l’aquaculture durable, la gestion des ressources marines, les énergies renouvelables en milieu maritime, ou encore la biotechnologie marine. La conférence a d’ailleurs recommandé la création de lycées et de collèges professionnels dédiés aux métiers maritimes, afin de renforcer la formation dès le niveau secondaire.

Des recommandations pour un avenir maritime durable

À l’issue de la conférence, plusieurs recommandations ont été formulées pour renforcer la coopération entre les établissements de formation maritime africains. Parmi celles-ci figure la création de pôles stratégiques régionaux, qui permettront d’adapter les stratégies de formation aux réalités locales tout en facilitant le partage des bonnes pratiques. L’ISH dont la voie est principalement portée par son Directeur, le Pr Minette Tomedi Eyango, épse Tabi Abodo, a également été désigné comme point focal du REFMA pour le Cameroun, chargé de coordonner les efforts nationaux en matière de formation maritime. Sous le regard attentif et les contributions scientifiques indéniables du Pr Bitja Nyom Arnold Roger, et du Dr Mbock Nemba Audry Constant, enseignants à l’ISH.

L’un des autres axes de réflexion concerne la promotion de la recherche scientifique sur les ressources marines, avec un accent particulier sur la gestion durable du littoral et le développement d’engins de pêche sélectifs. L’ISH jouera un rôle crucial dans la vulgarisation des résultats de ces recherches, contribuant ainsi à améliorer les pratiques dans le secteur halieutique africain.

L’Institut des Sciences Halieutiques de l’Université de Douala s’affirme comme un acteur incontournable dans la transformation du secteur maritime en Afrique. Par son engagement en faveur de l’harmonisation des formations et de la durabilité des océans, l’ISH se positionne comme un pilier pour l’avenir de la pêche et de l’économie bleue sur le continent.

Jean Bosco BELL

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