Rumeurs persistantes et incertitudes de putsch au Burkina Faso

Est-ce la fin du régime militaire révolutionnaire du capitaine Ibrahim Traoré ? C’est la question qui hante désormais les esprits de tous les observateurs de la scène politique burkinabè abreuvés aux médias internationaux basés à Ouagadougou ou disposant des correspondances locales.

En effet, depuis près d’une semaine et l’attaque de Mansila perpétrée le 11 juin dernier ayant fait près de 107 morts dans les rangs de l’armée du Burkina, l’ensemble des médias catégorisé comme occidental et, pour la plupart interdit d’émettre au pays des hommes intègres, entretient l’ouïe et la vue de leurs auditeurs et téléspectateurs sur un mécontentement généralisé qui grandirait au sein des différentes casernes du Faso. Ce narratif méticuleusement entretenu à coup d’informations assommantes laisse ouvertement entrevoir la possibilité réelle d’un renversement du régime.

Pour certains apparatchiks du régime, il s’agirait d’une préparation des esprits à un éventuel coup de force qui se préparerait depuis l’extérieur, notamment depuis Paris qui n’aurait jamais digéré sa mise à l’écart du Sahel, bénéficiant du soutien de quelques « valets locaux ». Pour les tenants de cette lecture, elle est d’autant plus plausible que ces médias relayent presque les mêmes rumeurs, soutenues par aucun élément factuel si ce n’est des ouï-dire.   À l’opposé, l’on présente la thèse inverse construite autour d’une vieille sagesse philosophique africaine qui veut « qu’il y ait pas de fumée sans feu ».

Dans l’édition matinale du journal continu de RFI de ce jeudi 20 juin 2024, on évoquait clairement – reprenant un article de Morgane Le Cam publié dans le monde, – https://www.lemonde.fr/afrique/article/2024/06/19/au-burkina-faso-la-grogne-des-soldats-s-amplifie-contre-le-regime-militaire_6241373_3212.html – le déploiement en soutien des troupes maliennes et des supplétifs de Wagner sur le sol burkinabè afin de sauver le soldat Traoré dont le régime serait « à bout de souffle », a commenté le journaliste.

Entretenant le narratif d’une disparition du chef du pouvoir burkinabè, certaines informations relayées par ces mêmes médias annoncent clairement l’ouverture des tractations entre les fidèles du régime Traoré et une partie importante de la grande muette qui, suivant les dires, serait désormais en désaccords ouvert avec le capitaine Traoré. Toujours selon RFI, citant des sources concordantes internes au palais, la rareté des apparitions publiques du chef du pouvoir burkinabè fait suite à ces rumeurs de renversements militaires. Il n’aurait d’ailleurs eue la vie sauve que du fait d’une exfiltration in-extremis alors qu’un pan de l’armée s’en prenait ouvertement à son régime.

En dépit du démenti formel de l’état-major des forces armées du Burkina Faso qui a dénoncé « des informations infondées et mensongères lancées dans l’objectif de créer la psychose dans l’opinion publique ». Pas plus tard que ce jeudi 20 juin, au sortir du Conseil des Ministres tenu avec un jour de décalage du fait de la Tabaski comme a expliqué une source concordante au palais, le président du Conseil, Ibrahim Traoré, est lui-même monté au créneau avec une phrase cinglante, à même de rasséréner tout le monde et répondre par la même occasion aux rumeurs qui le disent en fuite. « Ceux qui disent que le pouvoir est vacant, n’ont qu’à venir le prendre », a-t-il lâché. Entouré de sa garde rapprochée, il a ensuite visité le siège de la télévision publique du Faso.

Des rumeurs qui n’ont fait que croitre avec le renvoi ou l’annulation du conseil des Ministres prévu ce mercredi. Tout compte fait, les regards restent tournés vers Ouagadougou où la situation reste pour le moins très précaire.

Nguelifack Vijilin Cairtou

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