Dieudonné EMAN, Directeur du CES de Makouré au micro de CAMPUS UNIVERS pour évoquer la rentrée scolaire 2022-2023

Décrochage. Le Directeur du CES de Makourè dans la banlieue de Kribi a bien voulu accorder un entretien à campusunivers.com. Germaniste, PLEG hors échelle, Chevalier des Palmes Académiques, Dieudonné Eman évoque la situation de son établissement, à l’orée de la rentrée scolaire 2022-2023.

. Campus Univers : Bonjour Monsieur le Directeur, dites-nous, comment préparez-vous la rentrée scolaire ?

Dieudonné Eman : Bonjour Campus Univers, merci pour cette question, je voudrais d’abord situer tout le monde. Le CES de Makourè est dans le village Makourè II, à 32 Km de Kribi sur l’axe Kribi-Bipindi. C’est un établissement vieux de 22 ans qui a été créé en 1999 et qui a été ouvert en l’an 2000.

La rentrée évidemment se prépare comme sur toute l’étendue du territoire national. Premièrement en respectant les dates indiquées par la hiérarchie, notamment le lundi 29 Aout 2022 qui est rentrée de l’Administration, Mercredi 31 Aout qui est celle du corps enseignant et lundi 05 septembre celle des élèves. Alors ce que nous faisons en ce moment, c’est que nous avons préparé les affiches des listes provisoires, les conditions d’entrée dans l’Établissement pour les nouveaux élèves et la propreté des locaux et de toute l’enceinte. Nous sommes aussi dans l’information de proximité des parents par les voix électroniques et par voix de communiqués dans les églises et autres assimilés.

• CU : Pour vous qui êtes, on va dire en campagne, vous avez parlé plus haut des parents, dites-nous quelles relations votre établissement entretien avec les populations locales. Est-ce que le CES apparait à leurs yeux comme un vecteur de développement ?

DE : Évidemment, l’éducation est un puissant vecteur de développement et le Président de la République ne s’y est pas trompé en mettant sur pied ce CES qui fait la fierté de la contrée. Mais il faut le reconnaitre, c’est n’est pas très évident parce que parmi les parents, il y en a qui sont éclairés et il y en a qui ne le sont pas du tout.

Je devrais par rapport aux relations que j’ai avec l’Association des Parents d’Élèves relever qu’il y a une bonne collaboration, ainsi qu’avec le Bureau du Conseil d’Établissement. Ce sont des gens qui connaissent la valeur de l’école et qui donnent tout ce qu’ils ont comme possibilités pour nous accompagner. Mais la masse, manifestement est insouciante, inconsciente et indolente à la limite et autres talents et sur lesquels vous posez de réels espoirs en cette rentrées scolaire ?   

• CU : Dites-nous Monsieur Eman, est- ce que vous faites de la détection des génies dans votre établissement ?

DE : Le génie on en a tout le temps, je dois dire que pour l’année qui vient de s’achever, nous avons eu une jeune fille qui va en 5^ème qui est très brave et qui a eu une moyenne de 15/20 en fin d’année, elle s’appelle Dimengue Silae Claudia, une élève très brillante. Pendant plusieurs années nous avons eu également eu de très brillants élèves, mais malheureusement comme notre cursus s’arrête en 3^ème, ces braves gens sont appelés à aller faire valoir leur génie ailleurs, dans toutes les zones de la République, notamment dans la ville de Kribi.

• CU: Quelles sont les difficultés que votre établissement rencontre d’habitude et comment doivent-elles être résolues d’après vous ?

DE : La première difficulté c’est que la réalité impose ses marques les parents et les élèves ont aiguillonné le calendrier autrement. C’est-à-dire qu’ils commencent les classes une semaine après la date normale. La deuxième difficulté est qu’il y a une pauvreté rampante dans le village. Pour que les parents paient les frais de scolarité, ce n’est pas évident. Déjà que les frais exigibles ne sol t mas toujours au rendez-vous, les frais d’Association de Parents d’élèves et des enseignants, les contributions volontaires des parents sont payées en monnaie de singe.

Évidemment, nous qui n’avons pas tous les enseignants, notamment pour la précédente année nous manquions d’enseignants d’EPS, d’Histoire-Géographie et d’Anglais. Pour payer les vacataires avec de petits effectifs, ce n’est pas facile. Autres difficultés, le vandalisme et le vol de quelques populations environnantes, à l’exemple des ouvertures offerte par KPDC la Centrale à Gaz, une grande entreprise de la place qui ont été purement et simplement outragées.

La solution c’est que nous continuons de sensibiliser les parents afin qu’ils améliorent leur fonctionnement avec le paiement de frais de scolarités à temps. On les incite à s’organiser pour ne pas chercher cet argent à la rentrée, mais plutôt dès le départ en vacances. Pour ce qui est des professeurs, nous faisons souvent appel à l’appui des élites locales pour nous aider à payer les primes des vacataires que nous déplaçons depuis la ville de Kribi. Malheureusement, l’année scolaire dernière, on a eu l’aide de personne. Espérons que nous connaitrons un meilleur sort cette année qui commence. C’est la qualité de l’enseignement des enfants qui est en jeu.

• CU : Merci à vous Monsieur Eman, nous voudrons bien vous suggérer de nous donner votre avis sur le concept de Campus Univers.

DE : Bien, Campus Univers est une très bonne idée, c’est une excellente idée, je crois qu’aujourd’hui dans ce monde qui va vite et qui est à la pointe au niveau de l’information, cet aspect de l’information sur la vie des universités et des établissements en général manquait un peu au répertoire. Donc c’est une brillante idée et je pense que le déploiement que vous faites avec le casting de première classe que vous avez commencez là, tout laisse croire que c’est un bijou d’idée qui a toutes les chances de réussir et c’est d’ailleurs tout le mal qu’on lui souhaite.

Propos recueillis par Jean Bosco Bell, Makouré, 27 Aout 2022.