A 17 ans, trainée en justice à cause de son talent, une jeune fille sur le qui-vive
Marzouka Oumou Hari élève en classe de terminale, l’auteur du roman Mon père ou mon destin est trainée en justice depuis le 20 juillet 2023 au Tribunal de 1ere Instance de Ngaoundéré à cause du contenu de son roman considéré comme attaque et blasphème à l’endroit d’une tradition.
Une histoire construite, Ngaoundéré en ébullition, la toile inondée, mademoiselle Oumou est au centre des débats dans la région château d’eau du Cameroun. En se posant la question de savoir si elle promeut l’art ou la dénonciation des traditions, on se trouve face à une ambivalence que cache mal le titre de son roman, Mon père ou mon destin. D’après toute vraisemblance, elle serait accusée de blasphème et d’attaque contre la tradition.
Selon le plaignant, l’auteure aurait indexé des gens à travers ses personnages, de façon direct, ce qui sans doute, est un style contraire à la règle de l’art. Il faut noter que le contenu de son œuvre à l’égard des personnes citées comme personnages porte un intérêt critique dénonçant un certain nombre de pratiques assimilables à de la corruption et à de la violence. Plus clairement, son ouvrage serait vu comme une caricature, une description du réel, comme un reportage à l’endroit d’un village appelé « Idool ». Y faisant mention du nom du village, elle cite les noms de certains habitants influents du village, ce qui semble déclencher une espèce de Fatwa.
Le chef du village, au nom de Mohaman Ahman et sa communauté jugent intolérable le récit sus cité, malgré le jeune âge de l’auteure et portent plainte contre cette fillette de 17 ans, en réclament une somme 150.000 .000fcfa en guise de dédommagement. Selon un internaute le comportement de Oumou serait de trop. A cet effet, il nous propose une portion de l’ouvrage : « Dans ce roman, je décris un petit village isolé ou règnent la pauvreté, la corruption et la violence. Les habitants y sont ignorants et superstitieux, les autorités locales sont corrompues jusqu’à la moelle. C’est un endroit où il ne fait pas bon vivre, où les gens se méfient les uns les autres…etc. ».
Si certains pensent qu’elle a agi par naïveté, d’autres au contraire disent qu’elle l’a fait en toute âme et conscience. Certains esprits vont jusqu’à croire qu’il y aurait une autre personne derrière tout ça. Ce qu’il faut aussi voir dans cette situation est que dans cette partie du pays ou l’éducation des jeunes filles a longtemps été jonchée d’obstacles, des fois même considérée comme tabou, voilà l’œuvre de Marzouka Oumou Hari qui vient comme pour remuer le doigt dans la plaie. Ce livre qui jaillit comme un pavée jeté dans la mare, va-il influencer la courbe du taux de l’éducation des jeunes filles aux prochaines rentrées scolaires dans cette zone géographique du Cameroun, réputée pour son insuffisance en terme d’éducation des jeunes filles ? Whait and see ! En nattendant, Marzouka Oumou Hari, l’auteure de Mon père ou mon destin est sur le qui-vive.
Toutefois, d’après une source très proche du dossier, ce n’est pas l’ouvrage qui est attaqué en lui-même en justice, mais des accusations graves à l’encontre d’une autorité traditionnelle et sans preuve. Soulignons qu’un collectif de journalistes de l’Adamaoua s’est emparé de l’affaire et mène en ce moment sa propre enquête. Les résultats de celles ci sont largement attendus par l’opinion publique et possiblement par la justice.
SOULAKE LOUDOU YAYA, Correspondant Ngaoundéré