Elisabeth Angel-Perez : « Il faut replacer la science et les savoirs au cœur de la société »
La vice-présidente Recherche et innovation nous présente les principaux axes de la recherche à Sorbonne Université, les projets du moment et les enjeux à venir.
Autour de quels axes s’articule la recherche à Sorbonne Université ?
Élisabeth Angel-Perez : À Sorbonne Université, il y a un cœur de recherche disciplinaire fort qui s’enrichit d’une approche interdisciplinaire que l’université a vocation à promouvoir. Forte de ses trois facultés et des transversalités qui s’y créent, Sorbonne Université sait faire émerger de nouvelles problématiques à l’interface des disciplines. Les instituts et initiatives favorisent cette recherche interdisciplinaire qui fait advenir des problématiques nouvelles et permettent à la recherche disciplinaire de s’enrichir des méthodologies empruntées à d’autres disciplines.
Le deuxième axe est la force de transfert de la recherche, son inventivité, sa créativité qui lui permettent d’avoir un fort impact sur la société. C’est ce que nous cherchons aussi à favoriser par le déploiement du pôle universitaire d’innovation (PUI) mais aussi par une valorisation des contenus de la recherche en lettres et sciences humaines, médecine ou sciences et ingénierie.
Enfin, le troisième axe est l’internationalisation de la recherche au niveau européen avec notamment une participation active de Sorbonne Université à la construction de l’université européenne 4EU+ tant sur le plan de la recherche que sur celui de la formation, et au niveau mondial avec le développement de partenariats stratégiques permettant la mise en place de cotutelles et de collaborations étroites entre les chercheurs et chercheuses. Sorbonne Université participe, en outre, à différents réseaux de recherche internationaux (International Research Network).
En parlant de ces IRN, Sorbonne Université a récemment établi un partenariat avec le Canada…
É.A-P. : Tout à fait. Nous sommes signataires, avec d’autres universités françaises, d’une convention de collaboration avec différentes universités canadiennes sur les sciences et technologies quantiques. Sorbonne Université, l’université Paris Sciences et Lettres et l’Université Paris Cité constituent, avec le CNRS et l’INRIA, une structure dédiée au quantique dénommée PCQT (Paris Center for Quantum Technologies) et c’est d’une voix commune qu’elles se sont engagées dans cet IRN.
Pouvez-vous nous parler des nouvelles missions doctorales que Sorbonne Université vient de lancer ?
É.A-P. : Nous venons de dégager un volet de missions doctorales dites d’expertise ou de médiation qui permettront aux doctorantes et doctorants de mobiliser leurs compétences afin de sensibiliser les communautés en interne et en externe sur les problématiques liées à la transition environnementale, au développement durable, à la santé des doctorants ou encore à la valorisation du patrimoine dont Sorbonne Université est dépositaire avec les collections d’anatomie, de minéraux, de paléontologie ou encore de masques…
Ces missions vont offrir aux doctorantes et doctorants la possibilité d’agir en qualité d’ambassadeurs scientifiques. C’est une autre façon de valoriser leurs compétences par rapport à leurs activités d’enseignement.
Quels sont les grands enjeux à venir pour votre vice-présidence ?
É.A-P. : L’un des enjeux forts est de replacer la science et les savoirs au cœur de la société, et de lutter contre la désinformation. L’une de nos missions, en tant qu’universités de recherche intensive, est de déjouer ces fausses informations. Récemment, avec les dernières crises, nous avons vu à quel point il est important de faire confiance aux scientifiques.
Il faut réussir à faire en sorte que les scientifiques de Sorbonne Université prennent une part active dans toutes les décisions comme c’est le cas, par exemple, pour le dernier rapport du GIEC rédigé par Jean Jouzel. Les scientifiques doivent s’affirmer comme des personnes ressources pour relever les grands défis sociétaux.
Nous devons par ailleurs développer la diplomatie scientifique pour permettre de sensibiliser les décideurs mais aussi médiatiser davantage la parole scientifique.
En parallèle, Sorbonne Université se lance dans un grand programme de formation continue et d’executive education qui permettra d’assurer ce transfert de connaissances et de savoirs à destination des différents acteurs de la société.
Sur quels autres projets travaillez-vous actuellement ?
É.A-P. : Ils sont nombreux. À titre d’exemple, je souhaite donner une place de choix aux humanités numériques dans le paysage universitaire. L’ensemble des facultés de Sorbonne Université sont impliquées dans ce domaine. Sorbonne Université a l’une des rares chaires en humanités numériques en France. J’aimerais pouvoir fédérer toutes les forces que nous comptons dans ce domaine pour en faire un pôle plus visible et structurant pour notre écosystème.