Hommage au Pr. Alexandre-Dieudonné Tjouen : Un héritage intellectuel éternel

Le 14 septembre 2024, l’Université de Yaoundé II a perdu une figure éminente de son corps enseignant : le Pr. Alexandre-Dieudonné Tjouen, maître de conférences à la Faculté des Sciences Juridiques et Politiques. C’est avec une profonde émotion que ses collègues, étudiants et amis se sont réunis le 5 décembre 2024 pour lui rendre un dernier hommage, sous la présidence du Pr. Blaise Antoine Mbem Lissouk.

Le Pr. Tjouen était plus qu’un enseignant. Son nom résonne à travers les générations comme un pilier du savoir, de la rigueur et de la transmission académique. La cérémonie d’hommage funèbre s’est déroulée dans une atmosphère empreinte de respect et de reconnaissance, alors que la communauté académique se souvenait de l’homme, du professeur et du mentor qu’il fut.

Un parcours académique exceptionnel

Né en 1939 dans la terre de Komol, le Pr. Tjouen a consacré sa vie à l’enseignement et à la recherche en droit privé. Diplômé de l’Université de Paris I, où il a soutenu une thèse en 1979 sur les droits domaniaux et techniques foncières en droit camerounais, il a contribué de manière significative au développement de cette discipline. Sa thèse, publiée en 1982, est encore aujourd’hui une référence pour les juristes spécialisés dans la réforme foncière.

Le Pr. Tjouen a ensuite gravi les échelons de l’Université de Yaoundé II, devenant maître de conférences et encadrant des générations de jeunes chercheurs. Ceux qui ont eu la chance de suivre ses cours se souviennent de lui comme d’un pédagogue d’une rigueur intellectuelle exceptionnelle, capable d’enseigner des sujets complexes avec une clarté et une précision rares.

Une contribution mémorable au droit camerounais

Son œuvre académique s’étend bien au-delà de ses cours. Le Pr. Tjouen a laissé une marque indélébile dans la recherche juridique, notamment par son implication dans des réformes législatives cruciales. En 1997, il a participé activement à l’abrogation de la loi de 1974 sur l’exécution provisoire des décisions de justice en matière non répressive. Ce succès, bien qu’incomplet selon ses propres termes, témoigne de sa persévérance à défendre l’équité et la justice dans le système juridique camerounais.

Le Pr. Tjouen a également marqué les esprits par sa capacité à articuler la théorie et la pratique du droit, faisant de ses travaux des outils précieux pour les législateurs et les praticiens du droit. Il voyait le droit non seulement comme un ensemble de règles abstraites, mais comme un outil au service de la justice sociale, un moyen de transformer la société tout en garantissant l’équilibre des rapports sociaux.

Un enseignant apprécié et un mentor exemplaire

Loin d’être un enseignant distant, le Pr. Tjouen était réputé pour son accessibilité et son écoute. Il n’hésitait jamais à partager son savoir et à encourager ses étudiants à pousser leur réflexion au-delà des cadres conventionnels. Comme l’a rappelé le Pr. Blaise Antoine Mbem Lissouk dans son hommage, le Pr. Tjouen a joué un rôle décisif dans la formation de nombreux universitaires, qui perpétuent aujourd’hui son héritage intellectuel.

Ses cours, qu’il dispensait avec passion, étaient autant d’occasions pour les étudiants de se confronter à une pensée rigoureuse et exigeante. Son amour pour le droit et sa volonté de transmettre ce savoir ont forgé des générations d’intellectuels et de juristes qui, à leur tour, continuent de s’inspirer de sa méthode.

Un héritage impérissable

La disparition du Pr. Alexandre-Dieudonné Tjouen laisse un vide immense au sein de l’Université de Yaoundé II. Cependant, son nom et son œuvre continuent de vivre à travers ses publications, ses étudiants et les réformes auxquelles il a contribué. Comme l’a si bien dit le Pr. Blaise Antoine Mbem Lissouk, « In perpetuam nominis memoriam, le nom et l’œuvre du Pr. Tjouen restent gravés dans l’histoire du droit camerounais. »

Par son engagement académique et sa rigueur intellectuelle, le Pr. Tjouen a su marquer non seulement l’Université de Yaoundé II, mais également le système juridique camerounais. Ses travaux, qui oscillent entre droit processuel et droit substantiel, restent une source d’inspiration pour les générations futures.

Ce dernier hommage à ce « Timonier du droit privé », comme l’a qualifié avec justesse Blaise Antoine Mbem Lissouk, nous rappelle que le savoir et la transmission sont des ponts entre les générations. Et à travers son nom, sa pensée et son œuvre, le Pr. Tjouen continue de naviguer, guidant encore aujourd’hui ceux qui cherchent la lumière de la connaissance.

Vale, Magister ! Que ton âme repose en paix.

Téléchargez l’immense hommage du Pr Blaise Antoine Mbem Lissouk: https://campusunivers.com/wp-content/uploads/2024/12/HOMMAGE_P.pdf

Arsène BAMBI KONDO

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