13 Septembre : Remember Ruben Um-Nyobé
Le 13 septembre 1958, soit 64 ans jour pour jour, mourait le plus célèbre des nationalistes camerounais dans la localité forestière de Libelingoï, près de Boumnyébel, en pays Bassa. Trahi par les siens, celui qui passe pour la postérité comme le père de l’indépendance du Cameroun, tomba sous les balles des “colons” français.
Si, plus de quatre décennies après sa mort, l’homme n’a toujours pas reçu des hommages à la hauteur de son sacrifice, ni de funérailles officiels, il n’en demeure pas moins vivace dans la mémoire de nombreux camerounais, malheureusement pas autant qu’il serait de rigueur au sein des générations montantes. Sans non plus gratifier sa mémoire du statut de véritable héros national, qu’il fut et qu’il est, les différents pouvoirs qui se sont succèdés à Yaoundé, celui du défunt président Amadou Babatoura Ahidjo notamment, essaieront de le plonger dans l’oubli collectif. Par une loi signée en 1991, Paul Biya se contentera de lui offrir le service minimum. En effet, suivant ladite loi n°91/022 du 16 décembre 1991, réhabilitant celui qui a “ouvré pour la naissance du sentiment national au Cameroun, l’indépendance ou la construction du pays, le rayonnement de son histoire ou de sa culture”, l’épitaphe de “maquisard” fut définitivement retiré de l’image de celui qu’on surnomma le Mpodol, terme vernaculaire Bassa traduisible par Porte-parole.
S’érigeant déjà à l’époque contre le discours tribal, l’ancien syndicaliste de l’Union des Syndicats Confédérés du Cameroun (USCC), ne pensait pas si bien dire lorsqu’il déclara, mettant en garde contre l’instrumentalisation coloniale du tribalisme au Cameroun : “une telle situation nous impose de rompre avec un tribalisme périmé et le régionalisme rétrograde qui, à l’heure actuelle comme dans l’avenir, représentent un réel danger pour l’épanouissement de cette nation Camerounaise”. Combien serait sa peine s’il était encore des nôtres aujourd’hui. Il n’aurait probablement plus que ses yeux pour pleurer, comme le font bien d’autres, face à la montée résolue du repli identitaire au Cameroun.
Aussi l’ancien militant de la Jeunesse Camerounaise Française (JeuCaFra) fondait son engagement politique sur trois piliers essentiels :
– Réunification des deux Cameroun (français et anglais) avant l’indépendance ;
– Proclamation de l’Indépendance totale, en 1957, et rupture progressive de tout lien de dépendance envers la métropole ; et
– Élévation du niveau de vie des camerounais.
Hélas, c’étaient là des exigences, d’un nationalisme vivifiant, qui ne pouvaient pas être acceptés par la métropole, ce qui le conduira progressivement à la rupture, et n’excluant désormais plus la solution violente qu’il avait jusque-là toujours rejetée. C’est donc dans la lutte pour l’indépendance, qualifiée de maquis, que l’ex Secrétaire Général de l’Union des Populations du Cameroun (UPC) tombera les armes à la main, à l’aurore de ce 13 septembre 1958.
Um Forever !
Vijilin Cairtou Nguelifack