La raison face au scandale, Penser le mal

Le mal est-il intelligible ? La philosophe américaine Susan Neiman reprenait en 2002 la question traditionnelle du mal, en refusant de la cloisonner à la sphère religieuse pour la penser en termes historiques. Son ouvrage est enfin paru en français.

À propos de : Susan Neiman, Penser le mal. Une autre histoire de la philosophie, traduit de l’anglais (États-Unis) par Cécile Dutheil de la Rochère, Premier Parallèle. 475 p., 26 €.

« Chaque fois que nous pensons que « ça n’aurait pas dû arriver », nous nous engageons sur un chemin qui mène à la question du mal. » C’est de cette expérience ordinaire d’un décalage entre ce que le monde est et ce qu’il devrait être que Susan Neiman, philosophe spécialiste des Lumières, fait l’objet de son livre magistral, Penser le mal, initialement paru aux États-Unis en 2002 et enfin traduit en français par Cécile Dutheil de la Rochère. Cette définition, qui récuse toute forme d’essentialisation du mal au profit d’une interrogation sur les origines, les formes et les réponses philosophiques apportées au choc existentiel qui le révèle et le constitue, apparaît comme le parti pris majeur de la philosophe. Il est en effet indissociable de l’intention polémique qui fonde son projet : défendre la pertinence, voire la nécessité d’une interrogation proprement philosophique sur le problème du mal, contre son assignation à la seule sphère religieuse et théologique. L’auteure la met en œuvre à partir d’une relecture inédite de l’histoire des classiques de la philosophie occidentale moderne et postmoderne, au croisement de la métaphysique, de l’éthique et de la psychologie morale. Animée par le souci de « réorienter la discipline vers les racines du questionnement philosophique », celle-ci témoigne de la double conscience de ce que la philosophie a à perdre en se dérobant au problème, mais de ce qu’elle risque également en s’y confrontant.

Lisbonne et Auschwitz

Face à une question aussi épineuse, une précaution méthodologique s’impose d’abord : penser le problème du mal dans son historicité. À partir de sa relecture de l’histoire de la philosophie, S. Neiman s’efforce donc de reconstituer les changements qui ont affecté nos sensibilités morales et nos constructions de l’intolérable1, des Lumières à l’époque contemporaine. Cette approche s’appuie sur une idée forte : la formulation philosophique du problème du mal repose traditionnellement sur la distinction entre le mal métaphysique, associé à la finitude ; les actes de cruautés, renvoyant au mal moral ; et les épisodes de souffrance, définis comme mal naturel. Mais … Lire la suite via le lien suivant : https://campusunivers.com/wp-content/uploads/2023/02/20230119_neiman.pdf

Source : Aline LEBEL, https://laviedesidees.fr/Susan-Neiman-Penser-le-mal.html

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