Indicateurs et conjoncture économique du Cameroun en 2022
Structure de l’économie
Si l’économie camerounaise est la plus importante et la plus diversifiée de la région – elle représentait 45 % du PIB de la CEMAC en 2021 selon le FMI–, elle reste toutefois dépendante de produits bruts même si les dernières années ont connu une augmentation des exportations de quelques produits transformés (notamment dérivés du cacao). Faisant face aux nombreuses crises qui affectent la région, l’économie camerounaise affiche tout de même une croissance annuelle moyenne de 4 % depuis les années 1980. Elle a par ailleurs mieux résisté à la crise des matières premières de 2014 que les autres pays d’Afrique centrale. La croissance, qui avait atteint une moyenne de près de 5 % entre 2010 et 2014, avait ralenti à 3,5 % en 2017 avant de légèrement remonter à 4,0 % en 2018. Elle s’était à nouveau affaissée en 2019 (3,5 %) en raison en partie de la persistance de problèmes sécuritaires dans l’Extrême- Nord et l’Ouest anglophone du pays, et de la baisse de la commande de l’Etat (à mettre en lien avec les contraintes en matière d’endettement public).
Selon les données de la Banque mondiale, l’agriculture représentait 17,4 % du PIB en 2020. Elle comprend des cultures de rente très variées (cacao, café, banane, coton, palmier à huile, canne à sucre, caoutchouc) et un important secteur vivrier (banane plantain, maïs, manioc…). Les filières du cacao et du coton, qui revêtent une importance économique et sociale majeure au Cameroun, enregistrent des hausses de leur production, notamment grâce à la mise en œuvre d’un plan de relance de la société publique Sodécoton depuis 2017. Le dynamisme des plantations de banane, palmier à huile et caoutchouc –contrarié par la crise anglophone- est limité par la présence d’entreprises publiques en crise, aux côtés d’entreprises privées plus performantes. Le secteur bois, tiré par les importations de la Chine, connaît une croissance soutenue. La filière caféière s’essouffle depuis plusieurs années et subit depuis 2017 l’insécurité dans les régions anglophones.
Le secteur secondaire représente 23,3 % du PIB. Le pétrole brut demeure une ressource importante, toutefois, son poids dans le PIB et dans les exportations s’est relativement réduit (3,1 % du PIB en 2021 contre 6,7 % en 2014 et 38,8 % des exportations de biens en 2021 contre 47,8 % en 2014). La production pétrolière, après avoir atteint un maximum de près de 180 000 barils/jour en 1985, a décru à 61 000 barils/jour en 2011. Elle représentait en 2021 environ 70 000 barils/jour. L’exploitation du gaz, en revanche, est en plein essor grâce à l’installation fin 2015 par la société Perenco, d’une unité de liquéfaction de gaz dont la production est évaluée à 35 000 barils équivalent pétrole/jour.
Enfin, le secteur des services (52 % du PIB en 2020) est dominé par les transports, le commerce, l’hôtellerie et la restauration et les services financiers. Si la rentabilité globale des banques demeure stable, le risque de crédit augmente. Le taux de prêts non-performants a atteint 13,7% en 2020 (avec un provisionnement stable à 90%), contre 12,8% en 2019.
L’essentiel des exportations (environ 85 %) est le fait de produits pas ou encore trop peu transformés (pétrole brut, grumes et sciages, cacao, gaz naturel liquéfié, coton, aluminium brut), et la balance commerciale apparaît structurellement déficitaire. La Chine reste le premier fournisseur du Cameroun en 2020 (17,5 % des parts de marché), suivie de la France (8,7 %). La Chine est également le premier client à l’exportation du Cameroun (21,5 % des exportations camerounaises), suivie de l’Italie (10,0 %), des Pays-Bas (9,3 %), et de l’Espagne (6,8 %). La France occupe en 2020 la 9ème place avec 3,7 % des achats.
Croissance du PIB (prix constants)
Conjoncture économique
La crise sanitaire mondiale aurait finalement eu un impact moins important au Cameroun que ce qui avait pu être anticipé. Le pays aurait enregistré une légère croissance d’environ 0,5 % en 2020, soutenue par une bonne campagne cotonnière, et un secteur du BTP dynamique porté par la demande privée. L’activité économique du Cameroun a continué sa progression en 2021, avec un taux de croissance du PIB estimé à 3,6 % et les perspectives demeurent positives à moyen terme, avec un taux de croissance attendu à 3,8% en 2022 et à 5% à moyen terme.
La hausse des prix mondiaux des denrées alimentaires, de l’énergie et des intrants agricoles et industriels imputable à la guerre en Ukraine devrait cependant accentuer les tensions inflationnistes dans le pays. Selon les dernières prévisions du FMI, l’inflation devrait dépasser la norme communautaire de 3% et s’élever à 4,6 %en 2022, contre 2,3 % en 2021, avant de redescendre autour de 2% à moyen terme.
Avec un PIB par habitant atteignant 1 400 EUR en 2021, le Cameroun est considéré comme un pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure. La croissance apparaît peu inclusive : le taux de pauvreté est passé de 39,9 % en 2007 à 37,5 % en 2014 (dernières données disponibles), soit un taux comparable à celui des PMA.
Relations avec la communauté financière internationale
Le Cameroun a conclu le 26 juin 2017 un programme de Facilité élargie de crédit (FEC) de trois ans avec le FMI d’un montant de 483 M DTS (environ 400 Mds FCFA, ou 600 M EUR) correspondant à 175 % de sa quote-part, conformément aux résolutions du Sommet extraordinaire des Chefs d’Etat de la CEMAC le 23 décembre 2016 à Yaoundé. Les cinq premières revues ont été approuvées par le Conseil d’administration. Comme de nombreux pays frappés par l’épidémie de coronavirus, le Cameroun a bénéficié de deux décaissements de la Facilité de crédit rapide (FCR) : une première le 4 mai 2020 de 136 Mds FCFA (soit 60 % de sa quote-part), une seconde ayant été octroyée en octobre, pour 91 Mds FCFA (40 % de la quote-part). La sixième revue, qui devait initialement être présentée en juin 2020 a été plusieurs fois décalée du fait des contraintes liées à Covid et finalement annulée, Le programme a ainsi expiré à l’automne 2020. Les discussions pour la conclusion d’un nouveau programme FEC triennal ont abouti en juillet 2021, avec un nouvel accord triennal, d’un montant de 689,5 M USD pour la période 2021-2024, sous la forme d’une Facilité élargie de crédit conjointe à un Mécanisme élargi de crédit. Celui-ci est axé sur : (i) la fiscalité, avec l’élargissement de la base fiscale et la lutte contre l’évasion fiscale, la mise en place du Compte Unique du Trésor, (ii) les entreprises publiques, avec des audits, et une limitation du risque contingent que font peser celles-ci sur les finances publiques, (iii) sur la gestion de la dette, pour limiter le risque de surendettement en limitant l’endettement extérieur, et enfin, (iv) sur l’amélioration du climat des affaires. La deuxième revue de ce programme a été validée fin juillet 2022.
Outre le FMI, le Cameroun bénéficie de l’appui de nombreux partenaires techniques et financiers (Banque mondiale, Banque africaine de développement, Union européenne, France, etc.) dans de nombreux domaines : infrastructures (transport, énergie, télécommunications, eau et assainissement, etc.), secteurs sociaux (éducation, santé, etc.), développement du secteur rural, gouvernance, etc. Le pays a également, entre autres, bénéficié du moratoire sur la dette extérieure décidé par le Club de Paris et le G20 en 2020 et 2021, ainsi que d’aides directes pour renforcer le système de santé et d’appuis budgétaires.
Source : https://www.tresor.economie.gouv.fr/Pays/CM/indicateurs-et-conjoncture
Publié le 04 août 2022