Iran – Israël, au bord du précipice 

C’est une escalade sans précédente au Moyen-Orient où Iran et Israël se font, pour la première fois de l’histoire, frontalement face. En cette nuit du samedi 13 au dimanche 14 avril 2024, l’Iran a lancé plus de 200 engins volants sur Israël en réaction au bombardement qu’il attribue à l’Etat hébreu d’un pan de son consulat à Damas la semaine précédente. Cette attaque qui aurait été ordonnée par le Premier Ministre israélien, Benjamin Netanyahou, avait fait près d’une dizaine de morts parmi le personnel du consulat, y compris certains membres appartenant au prestigieux corps des gardiens de la révolution.

C’est tout le pouvoir iranien, en commençant par l’Ayatollah Ali Khamenei, suivi du Président, Ibrahim Raïssi, qui avait pris la parole, promettant « une terrible vengeance » contre « l’entité sioniste ». Le soir du 13 au 14, ils sont donc passés de la parole aux actes par le lancement de ces projectiles – constitués de drones Shahed 136 de fabrication locale, ainsi que de missiles de croisière et balistiques – depuis leur territoire sur le territoire de l’État hébreu. Alors que Téhéran continue d’affirmer que les bombardements vont se poursuivre, Israël dont le système anti-aérien, le Dôme de fer, a intercepté la « majeur partie » des projectiles, selon son Etat-major, promet également « une réaction ».

Un risque d’embrasement régional 

Plus tôt dans la journée, les États-Unis, sous la base des renseignements en leur possession, avertissaient Israël de l’éminence d’une attaque iranienne sur leur territoire et se disaient, par la même occasion, disposer à défendre leur allié israélien mais pas à entrer en conflit direct avait Téhéran, a ultérieurement précisé le Président Biden, invitant ses alliés du G7 a apporter une réaction diplomatique. À la demande d’Israël, une réunion urgente du Conseil de Sécurité se tiendra quelques jours plus tard.

Conformément à l’engagement de défendre Israël, ils ont fait immédiatement décoller des engins de la base de l’US Navy dans la région, dès le lancement des premiers projectiles. Toutefois, ils n’ont commencé à les intercepter que peu de temps après, avec l’accord de la Jordanie qui a finalement accepté d’ouvrir son espace aérien là où ceux des pays voisins restent hermétiquement fermés. En plein opération, ils ont été rejoints par les appareils Britanniques et, selon certaines sources non officielles, françaises également.

L’Iran a affirmé par la voie d’un communiqué officiel de son ministère des affaires étrangères que l’attaque en cours était « un acte de légitime défense », faisant suite à l’attaque de son consulat le 1er avril dernier. Il affirme également que le royaume chiites « n’hésitera pas à prendre des mesures défensives nécessaires pour protéger ses intérêts contre toute action militaire agressive et tout recours illégal à la force », une menace à peine voilée aux alliés de l’Etat hébreu qui pourraient être tentés de s’impliquer dans le conflit. « Toute menace émanant du gouvernement terroriste américain et du régime sioniste entraînera une réponse réciproque et proportionnée de la part de la République Islamique d’Iran », a clairement averti Téhéran dans son communiqué.

Dans ce même sillage, le Koweït, le Qatar et la Turquie ont averti les États-Unis qu’ils n’autoriseront aucune intrusion dans leur espace aérien qui viserait à attaquer l’Iran. De l’autre côté, les tires iraniens ont été salués en Irak et en Palestine par des scènes de liesses populaires et il n’est pas impossible que la situation se complexifie davantage. Une attaque coordonnée entre l’Iran et ses mouvements satellites du Hezbollah libanais, des rebelles yéménites et houthistes qui ont conjointement mené des attaques sur l’Etat juif. En revanche, rien n’atteste, en l’état, que le Hamas y aurait pris part.

Dans une ultime tentative désespérée de désamorcer la crise avant qu’elle ne vire au drame, le secrétaire général des Nations Unies, le portugais Antonio Guterres, tout en condamnant la réaction disproportionnée de l’Iran a appelé les deux parties à se retenir : « Je condamne fermement la grave escalade que représente l’attaque à grande échelle lancée par l’Iran contre Israël. J’appelle à une cessation immédiate de ces hostilités ». Plus tard, son secrétariat a publié un communiqué dans lequel il réitérait à peu près les mêmes propos : « Je suis profondément alarmé par le danger très réel d’une escalade dévastatrice à l’échelle de la région ». Antonio Guterres craint par ailleurs que les « confrontations militaires majeurs sur plusieurs fronts au Moyen-Orient ne mettent en péril la stabilité de la région ».

L’Arabie Saoudite pour sa part appelle à faire preuve de la « plus grande retenue » afin « d’épargner à la région et à ses habitants les dangers de la guerre ». L’Égypte, autre pays arabe, invite à « la retenue maximale » tandis que l’Allemagne a manifesté sa solidarité pour l’Etat hébreu, de même que la France qui a préféré condamner la réaction iranienne plutôt que l’attaque israélienne. L’Algérie quant à elle a clairement exprimé son soutien à l’Iran, invoquant le droit de Téhéran de « se défendre contre l’agression israélienne ». La Russie et la Chine, très discrets depuis le déclenchement des évènements, disent suivre de près la situation et appellent à la désescalade.

C’est la première fois que ces deux États rivaux du Moyen-Orient vont se faire frontalement face, eux qui s’étaient jusqu’ici contentés de se livrer des guerres par procuration, sur des territoires des États déstabilisés de la région en l’occurrence la Syrie, le Liban et le Yémen.

  Nguelifack Vijilin Cairtou

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