Vladimir Poutine, réélection triomphante dynamique de rivalités internationales

Nombreux sont les experts de la Russie qui avaient prédit une victoire éclatante du président sortant Vladimir Poutine aux élections des 17, 18 et 19 mars dernier, consécutivement à sa popularité qui ne cesse de grimper depuis son « invasion » de l’Ukraine. Bien mieux que les prédictions, le maître du Kremlin a fait un véritable plébiscite électoral, avec un score de 87% des suffrages valablement exprimés, sur un taux de participation qui s’élevait à plus de 74% selon la Commission Électorale Centrale. Le candidat du parti Russie Unie devance largement ces trois autres concurrents qu’étaient Nikolaï Kharitonov du parti Communiste, Vladislav Davankov et Léonid Slutsky qui s’en sont respectivement sortis avec un score de 4,6%, 4,2% et 3,0%.

Une simple formalité, le président de la fédération de Russie, Vladimir Poutine a, au bout d’un processus électoral qui se sera tenu sans grabuge, été reconduit à la tête de cette fédération constituée de 89 entités Étatiques (sujets de la fédération), réalisant pour la circonstance son meilleur score depuis son arrivée aux affaires en 1999, comme Premier Ministre puis président de la fédération en 2000, réélu en 2004 avant de passer la main en 2008 à Dimitry Mendvedev qui assura un mandat conformément à la Constitution russe d’alors, suivant laquelle il n’était pas possible de faire plus de deux mandats consécutifs à la tête de la fédération de Russie.

De retour au sommet du pouvoir russe en 2012, réélu en 2018 et maintenant 2024 à la suite d’une modification de la loi fondamentale russe adoptée par le référendum constitutionnel intervenue en juin 2020. L’article portant sur le verrou de la consécutivité des mandats est levé et remplacé par l’impossibilité de faire plus de deux mandats, avec une précision explicite de la remise des mandats à zéro à dater de l’adoption de la nouvelle Constitution. Ce qui veut dire qu’à dater des élections 2024, Vladimir Poutine serait encore éligible en 2030.

En l’absence de celui qui incarnait la principale figure de l’opposition, Alexeï Navalny, décédé quelques semaines auparavant dans une prison située en Sibérie dans l’extrême Orient russe, l’ancien directeur de la branche berlinoise des Services Secrets de l’URSS puis de la Russie KGK, aujourd’hui FSB, n’a fait qu’une bouchée des trois autres candidats qui lui contestait son élection.

Organisée en pleine campagne militaire en Ukraine, ce fut un défi logistique et sécuritaire de faire tenir ce scrutin dans les territoires annexés de la Crimée mais aussi et surtout dans des zones du territoire ukrainien passées sous contrôle russe depuis le déclenchement de l’opération militaire spéciale lancée le 22 février 2022.

Pour les soutiens occidentaux de l’Ukraine, la tenue de cette élection dans des territoires à la souveraineté contestée a largement accru la cristallisation des différends de la scène internationale autour de la figure emblématique du personnage qu’est Vladimir Poutine. Tandis que l’Occident et ses alliés, ont préféré relever en guise de félicitations les circonstances jugées « non-démocratiques » de cette reconduction, faisant des citoyens russes de simples sujets victimes de la « propagande pro-Poutine », les puissantes émergentes membre du BRICS et d’autres blocs du monde se sont abstenus de ce genre d’insinuation ou de remarques inopportunes, se contentant simplement de féliciter l’impétrant du jour. Ceci est un aperçu de toute la division de la scène internationale autour de ce personnage énigmatique qui aurait marqué d’une empreinte indélébile le paysage politique russe, mais davantage des enjeux et perspectives d’avenir dont il ne s’est d’ailleurs pas abstenu de répondre.

Poutine donne le ton…

C’est dans son adresse de remerciement à la nation russe et ailleurs que le président nouvellement élu, a rapidement balisé le champ sur les doubles plans internes et externes dans lesquels il entendait inscrire cet autre mandat que vient de lui conférer le peuple russe.

« La Russie poursuivra résolument ses efforts pour l’avènement d’un monde multipolaire plus équitable pour tous et ne se laissera intimider par personne », a tout d’abord martelé Vladimir Poutine, devant une foule de partisans entièrement acquis à sa cause. C’est dire toutes les implications internationales de cette réélection. Entre un Occident qui déchante du fait d’avoir encore pour les six prochains années un interlocuteur pas toujours très malléable en Russie et le reste du monde, notamment les nouveaux partenaires africains de l’héritière de l’empire soviétique qui eux, estiment que cette réélection est une aubaine pour l’approfondissement de leur relation de coopération avec le pays aux multiples ours polaires. Il en est ainsi de la Chine, de l’Iran, de la Syrie, de Cuba, de l’Arabie Saoudite, etc., qui eux, ont salué la victoire du candidat du président sortant, se disant disposés à travailler avec lui pour « un monde plus sûr pour tous ».

Et l’Occident alors…

Avec le président Emmanuel Macron qui propose depuis peu à ses pairs de l’OTAN de déployer, en guise de soutien à l’Ukraine, des troupes au sol sous la bannière de l’alliance sur le théâtre des opérations ukrainien, afin d’y faire échec à ce qu’il a qualifié d’« agression brutale de la Russie envers un pays souverain », Vladimir Poutine a pour sa part appelé la France a joué davantage un rôle de médiateur, promoteur de la paix qui, selon le président russe, sied le mieux à Paris mais a également averti que les troupes étrangères déployées en Ukraine seraient considérées comme des « cibles légitimes ».

Il faut dire que les tensions entre l’Union Soviétique et l’Occident n’ont jamais été aussi élevées depuis la fin de la guerre froide entre les deux blocs et aucun président russe depuis Staline ne les a aussi bien symbolisées que Vladimir Poutine. On peut dès lors conjecturer qu’elles ne connaîtraient pas une décrispation à moyen terme avec un maître du Kremlin auréolée de sa victoire qui s’apprête à prendre la direction des BRICS dans un contexte des élections européennes qui se tiendront en juin prochain, le tout couplé à la présidentielle américaine de novembre. De l’issue de ces différentes élections qui nous diront qui de Biden ou de Trump devra présider aux destinées des États-Unis d’Amérique pour les quatre années à venir, et la coloration politique que prendra les institutions européennes, découlera la structuration du nouveau paysage politique internationale et partant, de la dynamique internationale.

De ces différents choix pourraient découler un accroissement de la crispation ou décrispation de la scène internationale. D’ici là, on ne perd rien à attendre.

Nguelifack Vijilin Cairtou

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