En quête d’affranchissement, les enjeux de l’émancipation monétaire en Afrique de l’Ouest
Au lendemain des agitations politiques au Mali, au Burkina Faso et en Guinée Conakry, et plus récemment de l’instabilité au Niger, une dynamique de changement semble s’installer en Afrique de l’Ouest. Ce mouvement a suscité une série d’actions vigoureuses visant à se libérer de l’influence française, symbole de la souveraineté compromise de ces nations.
Surfant sur cette dynamique, ces États, confrontés à des sanctions de la CEDEAO, ont opté pour un affranchissement radical en se retirant de l’organisation sous régionale, réorientant leur coopération diplomatique et militaire vers une alliance tripartite nommée AES (Alliance des États du Sahel). Cette démarche audacieuse traduit un patriotisme mû par l’aspiration à une indépendance totale, voire un avenir panafricain.
Bien que ces mesures puissent sembler précipitées, représentant potentiellement un coup de maître ou un échec retentissant, elles exposent une volonté affirmée de rejeter les vestiges du passé colonial. Elles soulignent également un désir d’embrasser pleinement l’identité africaine, par le biais de la révision des constitutions, de la promotion des langues nationales et de la révision des alliances monétaires, cristallisées par le rejet du franc CFA.
Cependant, cette révolution est confrontée à des défis imminents. L’attente s’intensifie alors que l’AES se prépare à redéfinir l’avenir économique de la région. La réussite de cette entreprise aura des répercussions directes sur la ligne d’action de nombreux États, prêts à emboîter le pas ou à rester dans la toile du statu quo financier. Toute défaillance initiale risquerait de freiner la progression de ces aspirations, laissant d’autres États en proie à la fatalité monétaire.
C’est dans la prudence et la détermination que réside la clé de cet ambitieux projet. Tempérer l’enthousiasme par une préparation rigoureuse et une stratégie réfléchie sera le levier indispensable de cette évolution historique. Car, bien au-delà des implications financières, l’enjeu est celui de l’émancipation et de la réalisation de l’autonomie africaine.
En somme, cette noble entreprise doit être entreprise avec sagesse, optant pour la raison plutôt que les passions. Car seule une planification minutieuse garantira un résultat fructueux pour l’AES, libéré des tentatives françaises de sabotage.
Il est certain que la transition du FCFA vers une nouvelle monnaie représente un défi majeur, et ce précisément dans le contexte de l’échec antérieur ou des tâtonnements de l’établissement de l’Eco, la monnaie unique proposée par la CEDEAO. Un nouvel échec compromettrait gravement les aspirations des Africains et entamerait leur confiance.
Incontestablement, l’avenir du FCFA en Afrique est compromis. Le processus d’émancipation de cette monnaie qui a longtemps servi les intérêts de la France semble irréversible. Il est clair que la nouvelle génération africaine, celle qui n’a pas connu la colonisation et qui ose se dresser contre les dirigeants français, ne se soumettra pas aussi facilement que ses prédécesseurs. Paris devra dorénavant traiter avec l’Afrique sur un pied d’égalité, et ses prédications paternalistes sur la démocratie n’auront aucun effet.
Ainsi, chers membres de l’AES, dans cette lutte générationnelle telle que l’a décrite Fanon, notre responsabilité est de montrer la voie à suivre, de stimuler ceux qui hésitent plutôt que de conforter ou justifier leurs doutes. Notre évolution est cruciale pour établir un avenir monétaire indépendant et durable en Afrique, et c’est par notre détermination et notre préparation que nous pourrons inspirer les autres à nous rejoindre dans cette entreprise audacieuse.
NGUILEFACK Vijilin Cairtou